Faire reculer les logiques de prédation financière

Aymeric Seassau
Secrétaire départemental du PCF de Loire-Atlantique et responsable national en charge des Entreprises

À l’heure où l’avion est trop souvent désigné comme un des grands coupables de la crise climatique, faut-il sauver le secteur de l’aérien  ? Oui et trois fois oui. Il s’agit d’abord de l’emploi et des savoir-faire de 600 000 salariés de l’industrie aéronautique et du transport aérien. Ensuite, avec près d’un tiers des Français qui prennent l’avion chaque année, celui-ci a permis la démocratisation de nouveaux droits à la mobilité. Enfin, les progrès techniques ont permis de passer, en quarante ans, de 642 millions de passagers annuels à 4,3 milliards, en maintenant à 2 % les émissions de gaz à effet de serre du secteur (1,4 % des émissions nationales pour le transport aérien intérieur français). 

Le secteur aérien est donc viable économiquement et écologiquement… à condition de faire reculer les logiques de prédation financière qui le rongent. Le seul exemple d’Airbus est éloquent : cette belle aventure de coopération industrielle européenne a été pensée et financée avec un investissement politique et financier fort des États, avant d’être vendue à la découpe à des industriels. Aujourd’hui, c’est le capital flottant qui y est majoritaire et, en 2016, Airbus a distribué plus de dividendes que de bénéfices réalisés. Ce que la crise du Covid a révélé avec brutalité, c’est la fragilité de tout le modèle économique de libéralisation du secteur et l’intensité de la prédation financière. Or, le plan de relance affiché, avec 15 milliards d’euros d’argent public comme mise de départ, est en réalité un plan de soutien au capital. Pire, alors que des plans sociaux importants touchent les grandes entreprises du secteur, celles-ci entendent se couper de pans importants de recherche et développement, ceux-là mêmes qui peuvent permettre d’amplifier la transition écologique. Exemple avec Thales AES, qui veut se séparer de 25 % de ses emplois d’ingénierie, ce qui a provoqué une réaction rapide et une campagne intense des communistes dans l’entreprise. 

Dans cette situation, les communistes sont de toutes les mobilisations des salariés de l’industrie aéronautique et du secteur de l’aérien, comme ils ont été des acteurs majeurs de la campagne contre la privatisation des Aéroports de Paris (ADP). Nous proposons la réunion de conférences, régionales et nationales, de sécurisation de l’emploi, de la formation, de la transformation productive écologique et sociale, de l’égalité professionnelle femmes-hommes ; de nouveaux pouvoirs pour les salariés du secteur pour viser de nouveaux objectifs sociaux et écologiques dans les transports ; la renégociation immédiate des accords dits de « ciel ouvert » (open skies) au profit d’une politique de coopération au niveau européen pour commencer. Un nouveau service public des transports pour mobiliser la filière entière au service de la complémentarité des modes de transport en faisant coopérer Air France, ADP, la SNCF, la RATP… et en impulsant dans le même temps la production du matériel et des infrastructures nécessaires. La création d’un fonds de recherche pour le développement économique, social, écologique du transport abondé par les entreprises du secteur, l’État, la BCE/BEI pour développer le transport aérien propre. Enfin, la question d’une remontée durable de la propriété publique et du contrôle public et démocratique des groupes Safran, Thales, Dassault, Airbus, des grands équipementiers et de leurs sous-traitants est plus que jamais posée, y compris sous des formes nouvelles.