Dossier
Présidentielle 2022 :
on a testé les programmes

Depuis plus de vingt ans, la confrontation des programmes économiques obéissait à une mécanique bien réglée. À droite et à l’extrême-droite, des variations plus ou moins autoritaires et violentes autour d’un thème néolibéral : austérité budgétaire, suppressions d’emplois publics, libéralisation du marché du travail. À gauche, une foi indéfectible, malgré des échecs répétés, dans les vertus de l’action de l’État pour stimuler la demande et imposer par l’impôt une autre répartition des richesses, en laissant au capital toute liberté de décider de la façon de produire les richesses.

L’irruption de Fabien Roussel dans la campagne bouscule ce cadre établi. Son programme La France des jours heureux est, de tous, le plus ambitieux en matière de salaires, d’emploi et de services publics : c’est bien le moins si on veut vraiment répondre aux attentes de nos concitoyens et à l’état de dégradation où cinquante ans de crise et quarante ans de politiques plus ou moins teintées de néolibéralisme ont plongé notre société, notre économie et notre vie politique. Cependant, loin de se contenter d’énumérer des objectifs sociaux, écologiques, féministes, ce programme se structure autour d’une forte cohérence entre ces objectifs, les moyens de les atteindre et les pouvoirs à conquérir, non seulement dans les institutions de la République, mais partout où s’exerce le pouvoir du capital sur l’utilisation de l’argent : en particulier dans les entreprises et dans le système bancaire avec de nouveaux critères de gestion comme boussole et la sécurisation de l’emploi et de la formation comme clé d’une nouvelle efficacité économique.

C’est sous l’angle de cette cohérence que ce dossier réunit des éléments d’information et d’analyse sur les principaux programmes en présence en vue du scrutin d’avril prochain : nouveaux coups préparés par Emmanuel Macron contre notre peuple ; dangers de l’extrême-droite héritière du fascisme et de la collaboration, qui a réussi, non seulement à capter une part énorme de l’électorat mais aussi à contaminer en profondeur le discours de la droite traditionnelle ; bonnes intentions d’une gauche réformiste en danger d’être marginalisée faute d’avoir su se dégager de ses conservatismes et de ses timidités face au capital qui avaient déjà produit les déceptions de ces dernières décennies ; potentiel de renouveau apporté par la cohérence du projet communiste et par le regain d’intérêt que suscitent le talent de notre candidat et le dynamisme de sa campagne.

En complément de ce dossier, on ne saurait trop conseiller la lecture du dernier numéro de la Lettre du RAPSE qui met en regard de façon détaillé les propositions des cinq candidats de gauche en matière sociale et économique.