Pour un dépassement du football business


Des slogans puants sur les joueurs, leurs salaires mirobolants, nous sont assénés pour mieux étouffer l’emprise du capital sur le sport et particulièrement les disciplines populaires comme le football. Le Capital ne s’y trompe pas en identifiant ce que représente le football avec des milliers de licenciés, des millions de téléspectateurs. L’équipe de France n’est-il pas aussi le reflet de cette société française, de son évolution avec les différentes immigrations venues apporter leur force de travail, à travers les KOPA, PLATINI, ZIDANE…
Les médias aux mains de capitalistes, comme Bolloré, sont très discrets, par exemple, quand il est question des droits télés du football français et des GAFAM. Amazon, le géant américain du commerce en ligne, vient de remporter 80 % de la L1 jusqu’en 2024. Ce géant américain de l’@Capitalisme enfonce donc le clou après s’être invité ces dernières années sur le marché des droits sportifs via sa plateforme Prime Video, acquérant par exemple certains droits télés des championnats de football en Angleterre, en Allemagne et en Italie, ou encore des matchs de tennis à Roland-Garros pour le marché français. La stratégie du géant de la distribution en ligne vise principalement à favoriser les abonnements à sa plateforme Prime, service qui regroupe musique, films, séries, documentaires et coûte actuellement 49 euros par an ou 5,99 euros par mois.
En ce qui concerne le « marché du footballeur », il existe une valeur d’échange marchande sûre à l’export en France, c’est bien celle du footballeur. De nombreux joueurs estampillés « made in France » évoluent en effet à l’étranger avec plus ou moins de succès. L’Observatoire du football (CIES), qui vient de publier un rapport analysant la présence des footballeurs expatriés dans 145 ligues de 96 associations nationales à travers le monde, nous explique que la France est devenue le deuxième plus gros pourvoyeur de joueurs dans le monde. Certes, avec 1287 footballeurs évoluant à l’étranger, le Brésil reste en tête, mais la France occupe dorénavant la deuxième place juste devant l’Argentine. Ils sont 946 à avoir quitté la France.
C’est vraiment méprisant d’entendre en permanence le terme de « footeux » pour parler des personnes humaines passionnées par le ballon rond qui ne sont pas une supposée élite. Cela veut nous fait croire que nous sommes toujours des « gueux », comme au temps du moyen âge, rejetés par les seigneurs des châteaux. Depuis la coupe du monde 2010, le « gris » des joueurs de l’équipe de France et même avant, le football glisse des rubriques sportives aux rubriques faits divers de la presse généraliste. Au pays des GAFAM, les réseaux sociaux, n’en parlons pas, c’est le défouloir organisé, avec insultes, racisme ou sarcasme et mépris. Pour justifier leur « football business », ce sont le comportement et l’argent des joueurs qui sont régulièrement décriés et apparaissent décalés, hors de la société, du monde du travail.
Le football nourrit tout un travail intellectuel et sociologique, tout a changé depuis Raymond Kopa, Pelé et même depuis l’époque Rocheteau, Platini & co… Tout a changé aussi depuis l’arrêt Bosman qui a eu des conséquences considérables, non seulement pour le football mais pour toutes les disciplines sportives professionnelles ou semi-professionnelles, et ce dans tous les pays membres de l’Union Européenne. Cette décision avec jurisprudence établit l’illégalité des quotas de sportifs communautaires et de ceux de sportifs non communautaires ressortissant d’États ayant signé des accords d’association ou de coopération de l’Union européenne. C’est-à-dire que depuis cet arrêt il n’est plus possible de limiter le nombre de sportifs des nationalités concernées dans une équipe ou une concurrence professionnelle. Cet arrêt qui avait pour objectif de protéger les joueurs a également pour conséquence de libérer complètement le « marché » annuel avec des sommes astronomiques aujourd’hui atteintes lors des transferts.
L’argent du football alimente les marchés financiers, la publicité, les droits TV.
Un jeune footballeur professionnel aujourd’hui n’a pas, contrairement à ses aînés, eu l’occasion de connaître une vie scolaire identique à ses prédécesseurs ou la nécessité d’entrer dans le monde du travail pour des raisons économiques. Les jeunes joueurs sont, dès le début de leur adolescence, extraits de leur famille, voire de leurs pays et projets dans le monde formé autour d’eux pour les clubs compte tenu de la valeur marchande qu’ils peuvent acquérir à terme. Certains d’entre eux, dès l’âge de 14-15 ans, sont susceptibles de toucher des rémunérations dignes d’un chirurgien en milieu de carrière, pendant d’autres sont brisés physiquement et moralement. On retrouve plus tard des joueurs professionnels et même semi-professionnels avec conduites addictives dans des cures de désintoxication et aux chapitres des faits divers dans la presse. C’est plus d’exploitation et de marchandisation capitalistique, d’intervention des sportifs dans les décisions économiques, les choix stratégiques et tactiques, qu’il faudrait causer en parlant des footballeurs professionnels, que d’avoir des jugements moraux hautains et prétentieux sur ce jeu si populaire !
Dans le sport aussi l’ennemi c’est le capital. Oui, les footballeurs, les sportives et les sportifs plus généralement ont aussi besoin de Sécurité d’Emploi et de Formation. La compétition au plus niveau, c’est une courte tranche de vie, dans la vie. Nous avons connu de grands journalistes sportifs comme Roland PASSEVANT qui savaient analyser et conjuguer Sport, Économie et Politique. Qui pour prendre la relève, avoir un projet communiste dans le sport aussi, au travail et hors travail ?