« La France des jours heureux », un vrai projet pour la France !

Fabien Roussel
Secrétaire national - Parti communiste français

La seconde phase de la campagne de l’élection présidentielle est maintenant bien entamée. Dans la logique des choses, les enjeux montent, le débat s’aiguise. Il s’agit en effet maintenant d’aller au-delà des intentions, des bons mots. Chaque candidate et candidat qui se respecte et qui respecte les électrices et électeurs se doit de présenter son programme, un projet avec ses propositions qui donnent à voir une ambition et surtout, les moyens et les chemins pour l’atteindre. Cette étape est décisive. Elle doit permettre à chaque citoyenne et citoyen d’apprécier les intentions des divers camps en présence et surtout de comparer les objectifs, la faisabilité et le sérieux du contenu des programmes. Elle doit également permettre d’évaluer la cohérence des propositions, ce qui est essentiel pour ne pas tomber dans la démagogie, un des traits trop fréquents des discours de campagne. Pour beaucoup, l’essentiel est malheureusement de se faire élire pour ensuite faire ce qu’ils veulent, quitte à se renier. C’est en agissant ainsi que la gauche a déçu, qu’elle a perdu une grande partie de sa crédibilité aux yeux des classes populaires et qu’elle est devenue inaudible et aussi très faible. C’est en pratiquant de la sorte que l’abstention s’est aggravée dans l’électorat populaire, sur lequel les représentants de l’extrême-droite ont également pu mordre. Et c’est finalement de cette manière que par défaut, Macron et la droite apparaissent comme les seuls recours.

Il nous faut sortir de ce piège dont on mesure chaque jour les dégâts catastrophiques sur les conditions de vie d’un nombre croissant de nos compatriotes. Car c’est ainsi que depuis plus de quarante ans misère et désocialisation se développent avec toutes les conséquences que l’on sait quant au devenir de l’humanité tout entière. Changer radicalement de cap suppose autre chose qu’un coup de baguette magique. Il faut une analyse lucide et précise des causes qui plongent l’ensemble de la société dans un telle situation en même temps qu’une exigence de réponses claires donnant à voir la nature des changements à opérer. Avec le programme de la « France des jours heureux » issu d’un important travail collectif avec l’ensemble des communistes et au-delà, nous avons construit un vrai projet de société. L’emploi et la formation, un droit universel à l’emploi et à la formation en est l’axe central autour duquel se construisent les salaires et évolue le pouvoir d’achat, se construit la réponse aux besoins productifs, sociaux et écologiques, et de services publics. Une république sociale et laïque pour l’égalité et la liberté ainsi que la paix en Europe et dans le Monde en sont les deux autres dimensions structurantes.

En cela notre programme affiche une cohérence qu’on ne retrouve pas dans ceux des autres candidats.es particulièrement de gauche. La droite assume une vraie cohérence qui n’est d’ailleurs pas difficile à découvrir. Derrière le « on ne peut pas faire autrement, il n’y a pas d’autres choix » est déroulée une logique au service du capital et des plus fortunés. Quelques concessions sont parfois consenties, notamment en période extraordinaire comme celle de la Covid par exemple, mais la ligne est tracée et l’horizon est fixé. A gauche et dans le camp écologique, pour beaucoup c’est plus compliqué car il faut afficher des objectifs sociaux et environnementaux tout en cajolant le capital, tout en évitant de s’en prendre à la logique du profit à tout prix, tout en ne disputant pas les pouvoirs décisionnels particulièrement sur l’utilisation de l’argent. Ce qui nous donne des compositions floues, des orientations biaisées dont le principal défaut est de nous maintenir dans l’incapacité d’agir vraiment pour le bien et le bonheur de toutes celles et ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. Et ainsi de nous maintenir dans les logiques d’échec auxquelles la gauche nous a habitué depuis 1983. Le plus dur n’est en effet pas toujours d’accéder au pouvoir, de gouverner comme on dit mais de gouverner pour quoi faire ?

Ainsi les programmes de nombreux autres concurrents, même s’ils contiennent un grand nombre de propositions sociales et écologiques, sont fort peu explicites sur les moyens pour les réaliser. Dans le programme « La France des jours heureux » je m’applique dans un chapitre entier à développer les moyens financiers pour atteindre six grands objectifs sociaux, écologiques et féministes. Car vouloir transformer profondément la politique de notre pays passe par une évolution considérable des politiques publiques et sociales mais aussi de la gestion des entreprises et cela ne peut réussir sans des mesures portant sur les moyens financiers et les pouvoirs des salariés et des citoyens pour en décider l’orientation.

Il ne suffit pas de dénoncer les dégâts causés par la finance, les inégalités sociales, l’exploitation de la planète, les dangers du réchauffement climatique, il faut apporter des réponses qui développent une nouvelle efficacité, en particulier pour gagner une nouvelle industrialisation mais aussi renforcer et étendre les services publics. Voilà pourquoi il faut changer les critères de gestions de l’entreprise à la cité jusque dans les institutions en instaurant de nouveaux critères sociaux, écologiques, démocratiques qui permettent réellement de faire autrement et d’engager le dépassement d’un système qui n’a que trop démontré ses méfaits pour l’homme et la planète.

Se limiter à des propositions relevant du keynésianisme classique et restreindre le champ des transformations démocratiques, alors qu’il s’agit d’engager une vraie révolution des rapports économiques et sociaux pour faire face et combattre les exigences de rentabilité qui guide toute la gestion des entreprises et au-delà de la société tout en entière, ne peut permettre de répondre durablement et réellement aux énormes besoins sociaux et aux enjeux écologiques de la période.

Il nous faut des réponses d’un tout autre niveau qui en appui des luttes et des choix électoraux donne à voir qu’une autre société, une autre civilisation, un autre monde sont possibles. Il y a besoin de recréer l’espoir et de mobiliser le monde du travail et de la création sur un projet de rupture avec ce système, c’est tout le sens de ma candidature ! Merci à ce numéro « d’Economie & Politique » d’avoir choisi de présenter le contenu des programmes des principaux candidats.es à l’élection présidentielle et d’en faire une comparaison utile, montrant ainsi la crédibilité du projet que contient le programme de la « France des jours heureux ».