Dossier : Faut-il avoir peur de la « dette » ?
Le pays n’en peut plus de l’austérité budgétaire qui ruine méthodiquement nos services publics et notre protection sociale. Il l’a dit dans la rue, l’an […]
Le pays n’en peut plus de l’austérité budgétaire qui ruine méthodiquement nos services publics et notre protection sociale. Il l’a dit dans la rue, l’an […]
Dans les votes exprimés lors des dernières élections législatives, la question des services publics, des droits et de la démocratie est venue au devant de la scène. Il ne peut cependant pas y avoir de reconquête des services publics sans les budgets correspondants.
Depuis plusieurs années, nous avons pris l’habitude de vivre des débats plutôt tendus et souvent obscurs autour du projet de loi de Finances (PLF), c’est-à-dire à propos de la construction du budget de la France qui, soit dit en passant est un des actes démocratiques fondateurs de la République.
Faire des avances à 0 % pour embaucher et former pour la santé, l’hôpital, l’école, la protection sociale, les retraites et financer un grand plan de formation pour une nouvelle industrialisation au lieu d’étrangler les chômeurs !
Face à la mise en œuvre méthodique d’une déstabilisation complète du modèle d’éducation et de recherche publiques, notre commission met en débat un contre-projet qui propose de nouveaux jalons en vue de mettre un terme à cette casse et de répondre aux multiples crises, écologique, économique, sociale et culturelle auxquelles nous devons faire face.
En voulant faire du 9 juin un référendum contre la politique de Macron et un vote pour s’opposer à la « submersion migratoire » et à « l’écologisme », Jordan Bardella entend surfer sur les colères et les frustrations, masquer les renoncements et les contradictions des choix européens du RN, tout en poursuivant son alignement sur les attentes du patronat.
Depuis quelque temps, la dette publique est l’objet d’une croisade des représentants politiques de l’arc capitaliste. La priorité serait de rembourser la dette avant même de se développer et de renforcer nos services publics ? Se couper un bras, en amputant les services publics, et laisser couler la plaie ouverte ? C’est exactement l’inverse qu’il faut faire : se développer d’abord, cela permettra ensuite d’« avaler » la dette qui pèsera moins lourd. Pour cela il faut utiliser l’argent autrement et ne pas nourrir le cancer des marchés financiers, C’est comme cela qu’on a fait à la Libération en 1944-45, la dette ne se résorbant qu’à partir des années 1950.
C’était prévisible ! Dans le numéro 830-831 de la revue Economie et Politique, nous disions : « le budget 2024 se présente sous le double signe de l’austérité et de l’incertitude ». Austérité car pour revenir aux 3 % du pacte de stabilité, il fallait engager 16 milliards d’euros d’économies (10 milliards d’euros au titre de la sortie du bouclier tarifaire). Incertitude car malgré les coupes annoncées, il ressortait clairement que l’optimisme de la prévision de croissance (1,4 %) sur laquelle reposait ce budget le rendait irréaliste, voire insincère.
Bien pire qu’une mauvaise passe conjoncturelle le coup de froid subi par l’économie allemande, en légère récession en 2023 (-0,3 %), est le résultat d’une détérioration du cadre même qui fit la force du modèle industriel exportateur germanique. 2024 devrait voir confirmée et même aggravée cette tendance, la guerre en Ukraine et l’explosion concomitante des coûts de l’énergie ne jouant finalement qu’un rôle amplificateur d’une évolution régressive entamée depuis plusieurs années.
Les contradictions du projet de budget 2024 révèlent la nécessité d’imprimer aux politiques économiques une logique radicalement opposée à celle qu’inspire, année après année, la volonté de mettre l’action publique au service du capital.
Copyright © 2024 | Thème WordPress par MH Themes