Autoproclamé candidat du « politiquement incorrect », Zemmour disserte sur des thématiques usées jusqu’à la corde, contaminant les échanges à droite, comme l’immigration, la délinquance, l’insécurité, dans le cadre d’une sorte de micmac idéologique et mental abject.
Passe évidemment que les propositions du candidat Zemmour sur ces questions risquent fort de donner quelque occupation aux membres et magistrats de nos juridictions administratives et, au-delà, aux institutions internationales travaillant sur les mêmes sujets, tant elles violent les principes constitutionnels fondamentaux, de même qu’un grand nombre de traités internationaux ratifiés par la France ou même l’acquis de siècles de pratique légale…
Pour ne prendre que l’exemple du « droit du sol », dont les premières formes datent de la Rome antique (l’une des bases du droit français, soit dit en passant) et qui fit partie des lois du Royaume de France dès le bref règne de Louis X le Hutin (1314-1316) ! Ce « droit du sol », faut-il le rappeler, a aussi visé, à plusieurs reprises, dans le passé, à assurer à notre pays le nombre suffisant de jeunes hommes sains et vigoureux susceptibles de constituer les forces armées assurant la défense de la Patrie et de la Nation. Plus pacifiquement, si l’on peut dire, il constitue la démonstration par la société française de sa capacité à intégrer des personnes d’origines diverses, dans le projet républicain, démocratique, laïque et social que porte la France.
Intéressons-nous plutôt à ce qui constitue la colonne vertébrale du programme d’un candidat à la présidentielle, à savoir ses choix de politique économique et sociale, ou en matière de pouvoir d’achat et de niveau de vie.
Au strict plan économique, le programme d’Éric Zemmour est largement inspiré par celui de… François Fillon en 2017. Il propose ainsi de réduire encore le taux de l’impôt sur les sociétés, de baisser les « impôts de production » ou d’exonérer de droits de mutation les transmissions d’entreprises dites « familiales ».
Autant dire que les recettes proposées ont d’autant plus un air de déjà-vu qu’elles ont, en partie, été mises en œuvre (notamment dans le cadre du Plan de relance) par le Gouvernement Macron, tout en causant quelques dommages collatéraux du point de vue de l’autonomie des collectivités locales, qui percevaient lesdits impôts de production.
On ne peut oublier, dans le programme Zemmour, une baisse de la CSG sur les plus bas salaires, destinée, en fait, à être « compensée » par une lutte contre la fraude sociale (Zemmour fait donc siennes les lubies du magistrat Charles Prats et de quelques-uns de ses suiveurs qui croient que 50 Mds d’euros de prestations sociales sont indus) et la suspension du versement d’allocations à l’endroit des résidents de nationalité étrangère présents sur le territoire français depuis moins de cinq ans. Cette dernière mesure, soit dit en passant, est attaquable à plus d’un titre devant toute juridiction administrative ou constitutionnelle.
Le choix opéré par Zemmour est clair : pas question pour lui de procéder à la moindre revalorisation des rémunérations, si ce n’est par le biais de la bascule entre salaire net et cotisations sociales. C’est-à-dire par un gel de la rémunération brute, contraignant les salariés à solliciter une assurance privée pour couvrir ce que la Sécurité Sociale ne serait plus en mesure de couvrir.
Au demeurant, et en toute originalité, Zemmour préconise de redresser les comptes sociaux en repoussant à 64 ans l’âge légal de départ en retraite. Zemmour n’a donc, décidément, rien contre le fait que les cotisations des ouvriers et des paysans continuent de financer la retraite des cadres…
Illustrant enfin son attachement aux vertus et qualités de la bourgeoisie, Eric Zemmour, après avoir prétendu que « posséder un appartement de 100 mètres carrés à Paris, ce n’est pas être riche », a confirmé son rejet de toute recréation de l’impôt de solidarité sur la fortune et préconise même de réduire l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) par exonération de la résidence principale. Tous les mal-logés, hébergés, colocataires à l’étroit, sans parler des sans-abri apprécieront cette proposition « politiquement incorrecte ».