
Catherine Mills
Une nouvelle théorie économique
en rupture avec la théorie néoclassique
Keynes prétend sauver le capitalisme en crise. Aussi il élabore une nouvelle théorie économique explicative de la dépression de l’entre- deux- guerres, afin de construire une nouvelle politique économique. Cela nécessiterait de rompre avec la théorie et la politique économique néoclassique. Nous présentons dans ce numéro l’apport de Keynes à la théorie économique. Dans le prochain numéro, nous présenterons son apport à la politique économique.
Keynes introduit trois points décisifs de rupture avec la théorie néoclassique, libérale, déjà dominante à son époque.
1. Les trois points de rupture avec la théorie néoclassique
1)Principe de la demande effective contre la loi des débouchés
Keynes effectue une critique de la loi des débouchés de Jean-Baptiste Say. Cette loi, reprise par les auteurs néoclassiques, stipulait que « l’offre crée sa propre demande ». Les vendeurs sont aussi les acheteurs, tout ce qui est produit est acheté. Les produits s’échangent contre les produits, il ne peut y avoir insuffisance des débouchés. Toute épargne est forcément investie. Il ne peut y avoir de chômage involontaire. Cet « équilibre » implique une flexibilité parfaite des prix et des salaires.
La réponse de Keynes : le modèle keynésien explicatif de la crise.
C’est l’insuffisance de la demande effective qui détermine l’insuffisance du niveau de la production et de l’emploi. La demande effective est l’ensemble des prévisions des dépenses de consommation (C) et d’investissement (I) faites au début de la période, qui se réaliseront ou non. C’est l’offre qui s’ajuste à la demande. Le point où les courbes se coupent indique le volume de la demande effective.
L’insuffisance de la demande effective (C + I) est la base de l’analyse keynésienne de la tendance chronique au sous-emploi des hommes et des moyens de production, caractéristique dominante de la crise des sociétés capitalistes mûrissantes. Il faut donc expliquer pourquoi C et I sont insuffisants.
2)Critique de la théorie néoclassique de l’équilibre de plein emploi reposant sur la flexibilité à la baisse des salaires
Pour les néoclassiques, le salaire est le prix qui égalise l’offre et la demande de travail. De telle sorte qu’un excès de main d’œuvre entraîne automatiquement une baisse des salaires qui pousserait les entrepreneurs à augmenter leur demande de travail, ce qui est censé rétablir le plein emploi. Ainsi la flexibilité des salaires à la baisse permet le retour au plein emploi. Il ne peut donc y avoir que du chômage frictionnel ou un chômage volontaire lié au refus des salariés d’accepter la baisse des salaires.
Pour Keynes, au contraire, la baisse du salaire réel n’entraine pas la résorption du chômage. Il y a donc du chômage involontaire chronique. Keynes refuse le dogme néoclassique du prétendu excès de salaire. Ce n’est pas le salaire dit excessif qui détermine le niveau de l’emploi.
Le volume de l’emploi chez Keynes est déterminé par le comportement d’investissement des entrepreneurs. Il existe une relation entre le volume de la production et le niveau de l’emploi. Le volume de la production peut ne pas être suffisant pour absorber la totalité de la main d’œuvre. Il peut donc y avoir équilibre sur le marché des produits et sur le marché monétaire sans que l’équilibre soit réalisé entre l’offre et la demande de travail sur le marché du travail d’où la réalisation d’un « équilibre » de sous- emploi.
3)Critique de la théorie néoclassique du taux d’intérêt et incitation investir
Dans la conception néoclassique, le taux d’intérêt est un phénomène réel qui égalise l’épargne et l’investissement.
Le taux d’intérêt serait le prix de l’épargne. Les variations du taux d’intérêt égalisent l’offre et la demande de capitaux, donc l’épargne et l’investissement.
La réponse de Keynes : le taux d’intérêt est un phénomène monétaire. Il intervient sur le marché de la monnaie et non sur le marché réel.
Keynes refuse le postulat « classique » selon lequel l’épargne est forcément investie. Pour lui l’épargne n’est pas forcément investie car l’épargne et l’investissement sont deux actes différents de personnes différentes.
Chez Keynes, la monnaie fait l’objet d’une demande particulière. La préférence pour la liquidité s’explique par des motifs de transaction, de précaution, ou de spéculation. Le taux d’intérêt est le prix de la renonciation à la liquidité, le prix de la préférence pour la liquidité. Lorsque l’offre de monnaie est abondante, le taux d’intérêt baisse et inversement. Les variations du taux d’intérêt égalisent l’offre et la demande de monnaie et non comme disent les néoclassiques l’épargne et l’investissement. Ceux-ci sont des phénomènes réels et non monétaires.
Le problème crucial de l’incitation à investir chez Keynes
La théorie néoclassique met au centre sa théorie de l’équilibre, avec l’antériorité et la primauté de l’épargne, tandis que l’investissement s’ajuste forcément par l’intermédiaire du taux d’intérêt.
Keynes renverse complètement cette théorie. Pour lui, au contraire, c’est l’investissement qui joue un rôle central. L’épargne n’est pas forcément une vertu, la dépression des années 1930 s’explique fondamentalement par l’insuffisance de l’incitation à investir et l’excès d’épargne.
2. Le modèle keynésien explicatif de l’insuffisance de la demande effective
La demande effective, c’est-à-dire la demande qui exerce un effet sur les décisions de production, d’investissement et d’embauche des entreprises, explique le niveau insuffisant de la production, du revenu et de l’emploi. Elle est à la racine de l’explication du chômage lors de la crise de l’entre-deux guerres, en liaison avec le blocage de l’incitation à investir.
Le modèle keynésien est centré sur la causalité.
Les composantes du modèle.
Des éléments sont toujours déterminants : ce sont lesdonnées et les variables indépendantes élémentaires subjectives et objectives.
Les données sont caractéristiques du système économique auquel Keynes se réfère : le capitalisme évolué, en crise. Elles sont d’abord relatives au cadre et aux comportements institutionnels : état de la technique, degré de concurrence, goûts et habitudes de consommateurs, structures sociales. Elles sont aussi relatives à l’emploi des facteurs de production : capacité et quantité des forces de travail, organisation, volume et qualité de l’équipement. Cependant, Keynes se prive d’une analyse réelle des structures et de l’évolution du capitalisme.
Les variables indépendantes élémentaires objectives et subjectives déterminent, conjointement avec les données, les variables déterminantes, éléments actifs du système keynésien
Les variables indépendantes élémentaires subjectives et objectives
Les variables subjectives sont de nature psychologique
a) La loi psychologique de la consommation : « la communauté a tendance à accroître sa consommation à mesure que le revenu croît, mais dans une proportion moindre ». Ceci est une particularité des sociétés riches dans lesquelles la consommation s’accroit moins vite que le revenu alors que l’épargne augmente plus vite.
b) L’estimation du rendement futur des capitaux. Elle résulte à la fois de données objectives concernant la production et de facteurs dits subjectifs : les prévisions des entrepreneurs.
c) la préférence pour la liquidité. Les agents économiques demandent la monnaie car celle-ci est la liquidité par excellence. Ils préfèrent, au-dessous d’un certain taux d’intérêt minimum, détenir des encaisses liquides pour trois motifs (précaution, transaction, spéculation) plutôt que demander des biens ou investir. Aussi la préférence pour la liquidité entraîne-t-elle la thésaurisation.
Ces trois variables sont indépendantes les unes des autres et dépendent de données peu étudiées et de prévisions.
Les variables objectives : l’unité de salaire, la quantité de monnaie.
Keynes introduit la notion d’unité de salaire, ainsi définie : « Nous appellerons ‘unité de travail’ l’unité dans laquelle la quantité d’emploi est mesurée ; et le salaire nominal de l’unité de travail sera dénommé ‘unité de salaire’. » (Keynes, Théorie générale, 1969, p. 67).
L’unité de salaire dépend de l’autorité publique et de conventions collectives. Mais aussi, elle dépend du travail. La quantité de monnaie est fixée par la banque centrale conformément aux décisions des autorités publiques.
Les variables déterminantes :
1) la propension à consommer est la relation entre la consommation et le revenu. Elle dépend de la loi psychologique de la consommation : la propension marginale à consommer dC/dR (où C désigne la consommation et R le revenu) est stable et inférieure à l’unité. Cela engendre des conséquences graves au détriment de la consommation pour les économies des pays capitalistes mûrs ; en effet, cela engendre un accroissement de l’épargne ainsi qu’une saturation de la consommation. Aussi, dans les pays riches, les limites de la propension à consommer déterminent les limites du multiplicateur d’investissement qui freinent l’accroissement du revenu national.
2) l’efficacité marginale du capital, qui correspond au rendement attendu d’un investissement. C’est la résultante de facteurs objectifs et de données relatives à la production : conditions physiques de l’offre, volume de l’équipement, progrès technique, peu étudiés, gouvernant son coût ; et d’une variable indépendante subjective (comportant aussi des éléments objectifs) : le rendement escompté des capitaux.
L’efficacité marginale du capital détermine, conjointement avec le taux d’intérêt, l’investissement.
Comme indiqué précédemment, le taux d’intérêt est un phénomène monétaire et non réel, qui dépend de l’offre et de la demande de monnaie, et non pas comme chez les néoclassiques un phénomène réel qui dépend de l’offre et de la demande de capital nouveau. Chez Keynes, il résulte de deux variables élémentaires, l’une subjective : la préférence pour la liquidité, et à ce titre, il dépend de la demande de monnaie ; l’autre objective : la quantité de monnaie ; à ce titre, il dépend de l’offre de monnaie.
Le taux d’intérêt est souvent défini chez Keynes comme le prix de la renonciation à la liquidité. Au-dessous d’un taux minimum, les agents préfèrent détenir des encaisses liquides plutôt que de les placer et surtout de les investir. L’incitation à investir articule efficacité marginale du capital et taux d’intérêt. L’entrepreneur n’investira que si l’efficacité marginale du capital est supérieure au taux d’intérêt.
Schéma : Le modèle keynésien

2.Fonctionnement du modèle keynésien : une analyse dualiste articulant l’insuffisance de la demande effective avec les limites de la consommation et de l’investissement.
Les trois variables indépendantes engendrent, avec les données, les variables déterminantes. Celles-ci génèrent des flux de production de biens déterminant le niveau du revenu et de l‘emploi (voir graphique p.).
Il s’agit d’expliquer pourquoi la demande effective est insuffisante et comment cela engendre un processus cumulatif de dépression : insuffisance du niveau de la production et du revenu et montée du chômage.
La demande effective comprend la demande de biens de consommation C et la demande de biens d’équipement I. Or il existe dans l’entre-deux-guerres une insuffisance de la consommation et de l‘investissement.
1)La sous-consommation chez Keynes.
La consommation est déterminée par une variable déterminante : la propension à consommer. Celle-ci dépend de facteurs objectifs et de données peu étudiées ainsi que d’une variable subjective élémentaire : la loi psychologique de la consommation. Dans la société anglaise de la crise des années 1930, il y a d’une part une saturation de la consommation dans les classes riches où la consommation s’accroit moins vite que le revenu, tandis que l’épargne augmente. D’autre part, les catégories modestes dont la propension à consommer est très élevée, n’ont pas un pouvoir d’achat suffisant pour consommer.
Or l’insuffisance de la consommation entraîne l’insuffisance de l’investissement. En effet, elle compromet les débouchés des entreprises, et limite le niveau de la demande effective qui s’adresse à elles, elle mine le rendement escompté des capitaux dans la production.
2)Le problème crucial de l’insuffisance de l’incitation à investir
Elle s’explique par une comparaison effectuée par l’entrepreneur entre l’efficacité marginale du capital et le taux d’intérêt. L’entrepreneur n’investit dans la production que si l’efficacité marginale du capital est supérieure au taux d’intérêt. Si le taux d’intérêt est trop élevé, l’entrepreneur préfèrera utiliser son capital dans la spéculation, les placements financiers, au lieu d’investir dans la production. Or dans une société développée en crise comme en Angleterre et d’autres pays dans l’entre-deux guerres, l’efficacité marginale du capital tend à diminuer et cela pour deux raisons selon Keynes. D’une part en raison du grossissement du capital accumulé, d’autre part en raison de l’insuffisance des débouchés et donc du rendement escompté du capital.
« Lorsque l’investissement dans un type quelconque de capital s’accroît durant une certaine période, l’efficacité marginale de ce capital diminue pour deux raisons à mesure que l’investissement augmente. D’abord le rendement escompté de ce capital diminue lorsque sa quantité augmente. Ensuite la compétition autour des ressources servant à le produire tend normalement à faire monter son prix d’offre (…) Dès lors il est évident que le flux effectif de l’investissement sera grossi jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune catégorie de capital dont l’efficacité marginale soit supérieure au taux de l’intérêt courant ». (ibid., livre IV : Incitation à investir, l’efficacité marginale du capital, p.154).
L’efficacité marginale du capital dépend, d’une part, de facteurs objectifs et de données relatives à la production (conditions physiques de l’offre, volume de l’équipement, progrès technique, etc.) peu étudiés. D’autre part, elle dépend d’une variable élémentaire dite subjective : le rendement escompté des capitaux. C’est-à-dire que l’entrepreneur doit anticiper le niveau des commandes qui s’adressent à lui (en biens de consommation comme en biens d’équipement). Si le niveau anticipé de ses commandes est insuffisant, cela pèsera négativement sur son comportement d’investissement.
La chute de l’efficacité marginale du capital, explication essentielle de la crise
« (…) À notre avis, ce n’est pas la hausse du taux de l’intérêt mais la chute soudaine de l’efficacité marginale du capital qui fournit l’explication la plus normale et souvent l’explication essentielle de la crise (… ) » (ibid., Notes sur le cycle économique : baisse de l’efficacité marginale du capital et cycle économique, p. 317).
« De plus, l’incertitude au sujet de l’avenir et le découragement qui accompagnent la chute de l’efficacité marginale du capital suscitent une forte augmentation de la préférence pour la liquidité et par suite une hausse du taux de l’intérêt. Le fait que la chute de l’efficacité marginale du capital s’accompagne souvent d’une hausse du taux de l’intérêt peut donc aggraver sérieusement le déclin de l’investissement. Mais s’il n’en reste pas moins que c’est la chute de l’efficacité marginale du capital qui caractérise la situation.
(…). La préférence pour la liquidité (…) ne commence à augmenter que lorsque l’efficacité marginale du capital s’est effondrée. (ibid., p. 318).
C’est pourquoi il est si difficile d’enrayer la baisse (…).
La baisse de l’efficacité marginale du capital peut être si profonde qu’aucune réduction possible du taux de l’intérêt ne suffirait à la contrebalancer. Quelles sont les conséquences de cet état de chose pour une communauté qui se trouve équipée au point que l’efficacité marginale du capital est nulle et deviendrait négative sous l’effet d’un investissement additionnel. (…) » (ibid., III : 16 « Observations diverses sur la nature du capital, p. 227)
« Au cours des années d’après- guerre [1] aux États-Unis et en Grande-Bretagne, la richesse s’est accumulée à un rythme tel que la baisse de l’efficacité marginale du capital s’est trouvée être plus rapide que la baisse du taux de l’intérêt (…) ». (ibid., III, p. 228).
« L’insuffisance de l’incitation à investir nouvelle va s’ajouter à l’insuffisance de la consommation. Cela aboutira à une compression du volume des investissements, de la production et de l’emploi. Il en résultera un processus cumulatif de contraction de la production, une montée du chômage, corrélativement à une croissance financière (montée des placements financiers, de la spéculation en lien avec l’accroissement des épargnes non investies ». (ibid., 18 : « Nouvel exposé de la théorie générale de l’emploi», p. 251).
Il convient de souligner que Keynes établit une relation entre le surinvestissement passé, et l’insuffisance de l’incitation à investir nouvelle.
A propos du terme « surinvestissement », il écrit :
« (…) Il peut aussi s’appliquer à une situation caractérisée par une telle abondance de capitaux qu’il n’y ait plus aucun investissement nouveau qui paraisse capable (…) de rapporter pendant son existence entière plus que son coût de remplacement (…) Tout investissement supplémentaire serait un pur gaspillage de ressources. (ibid., « Notes sur le cycle économique », III, pp. 321-322) ».
« La faiblesse de l’incitation à investir a été de tout temps la clef du problème économique. Il est possible qu’aujourd’hui la raison de cette faiblesse réside dans l’importance des çapitaux accumulés (…) » (ibid., 23 « Notes sur le mercantilisme », p. 345).
« Le désir de l’individu d’augmenter sa fortune personnelle en s’abstenant de consommer est en général plus puissant que le motif de l’entrepreneur à accroître la richesse nationale en employant de la main d’œuvre à la création de richesses durables » (ibid, Notes sur le mercantilisme, p.345).
La chute de l’efficacité marginale du capital est une explication essentielle de la crise chez Keynes. Elle associe surinvestissement passé et insuffisance de l’incitation à investir nouvelle. Keynes met ainsi en évidence les risques, du fait des classes riches et des entrepreneurs, d’une politique excessive de provisions financières et d’insuffisance de l’investissement productif. La préférence pour la liquidité : thésaurisation et spéculation, s’accroit au détriment de l’investissement et de la consommation (voir infra texte).
On retrouve ici l’analyse de la suraccumulation du capital de Marx. Il existe chez Keynes une possibilité théorique d’une telle accumulation du capital que le profit du capital est nul ou négatif. Sur le rapprochement entre les analyses marxistes contemporaines, notamment l’analyse boccarienne des conditions fondamentales des longues phases de difficultés et l’analyse keynésienne de la dépression, cf. Issues n° 33, 1er trim. (1989). Débat sur le livre Keynésianisme et sortie de crise, Zerbato M. (dir.), Dunod, 1987. En outre, on a pu rapprocher l’analyse marxiste de la composition organique du capital et l’analyse en termes de rapport : Capital/Produit, des néo-keynésiens (notamment Kaldor).
Encadré : les dangers d’une « prudence financière » excessive
Keynes met en évidence les risques d’une politique excessive de provisions financières : l’insuffisance de l’investissement productif :
« Plus est considérable la provision financière qu’on juge nécessaire de constituer (…) et moins l’effet d’un flux donné d’investissement se révèle favorable à la consommation et partant à l’emploi. (Théorie Générale, 8 « La propension à consommer, les facteurs objectifs », p. 119).
« Aux États-Unis, par exemple vers 1929, l’expansion rapide du capital au cours des cinq années antérieures avait conduit progressivement à constituer, en regard d’un outillage qui n’avait aucun besoin de renouvellement, des amortissements et des provisions pour dépréciation d’une importance si considérable qu’un volume énorme d’investissement nouveau était nécessaire uniquement pour absorber les provisions financières ; et on perdit presque tout espoir de trouver des investissements nouveaux assez nombreux ( … ) ». (ibid., p. 121).
« La prudence financière contribue à restreindre la demande globale » (ibid., p. 125).
« L’analyse qui précède nous amène donc à conclure que dans les conditions contemporaines la croissance de la richesse, loin de dépendre de l’abstinence des milieux aisés, comme on le croit en général, a plus de chance d’être contrariée par elle. Ainsi disparaît l’une des principales justifications sociales des grandes inégalités de fortune ». (ibid., Théorie générale, « Notes finales », p. 367)
Le risque d’une prédominance de la spéculation :
« Le risque d’une prédominance de la spéculation tend à grandir à mesure que l’organisation des marchés financiers progresse. (ibid., 12, « L’état de la prévision à long terme », p. 173)
« la situation devient sérieuse lorsque l’entreprise n’est plus qu’une bulle d’air dans le tourbillon spéculatif. Lorsque dans un pays le développement du capital devient le sous-produit de l’activité d’un casino, il risque de s’accomplir en des conditions défectueuses (ibid., p. 173).
Références
Keynes, Théorie générale de l‘emploi, de l’intérêt et de la monnaie, (1936) traduction française par Jean de Largentaye, 1939, diverses rééditions, Payot 1995.
Keynes, Essais sur la monnaie et l’économie. Les cris de Cassandre, trad M. Panoff, Paris, Payot, 1972.
Mills Catherine, Economie Politique, Montchrestien, p.183-236.
Say Jean-Baptiste, Traité d’économie politique (1803).
[1] Il s’agit de l’après-première guerre mondiale.