L’usine de masques à Plaintel : tirer les leçons du passé avec le projet de SCIC…

En pleine pandémie, nous nous sommes souvenus qu’il existait dans les Côtes d’Armor une usine qui aurait pu produire par millions les masques qui manquaient cruellement au pays… mais qu’elle avait été fermée moins de deux ans auparavant.  

Tout est dit dans un rapport d’audit datant de 2018, révélé par France Info : « la rentabilité économique [de l’usine de Plaintel] est avérée, mais trop faible pour les standards du groupe Honeywell ».

L’irruption du covid 19 a révélé, sur un même territoire, tous les aspects de la crise qui touche tous les habitants de la planète : la stratégie d’une multinationale, exclusivement obsédée par l’accumulation de son capital, la complicité de l’État français qui a accompagné le mouvement en mettant fin à ses commandes à l’usine de Plaintel au nom de l’austérité budgétaire, la destruction délibérée de capacités de produire des biens particulièrement utiles, juste au moment où on en aurait eu le plus besoin : emplois supprimés, avec toutes les compétences de celles et ceux qui travaillaient dans l’usine, machines détruites.

Tout n’a pas disparu. Des salariés de l’ancienne usine sont toujours là. Un financier a flairé la bonne affaire. Il se propose de reprendre la production de masques sur le site de l’ancienne usine Chaffoteaux de Ploufragan. Il s’agit de rentabiliser la production… dans la logique même qui avait conduit Honeywell à prendre le contrôle de l’usine de Plaintel, puis à la condamner. Les premiers intéressés ؘ– les salariés, la population locale, le service public de santé – n’auront pas leur mot à dire car M. Abdallah Chatila apporte l’argent : 15 millions d’euros.

Il existe pourtant une autre solution, qui permettrait une reprise durable de la production, non pas dans le but de rentabiliser un capital mais de répondre à un but précis : répondre aux besoins locaux et nationaux en masques de protection pour affronter l’épidémie du covid 19 et celle dont on sait avec certitude qu’elles lui succéderont.

Le projet de relance de l’activité sous forme de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), lancé par le syndicat SUD Solidaires, est soutenu par la CGT, la FSU et par les élus locaux, départementaux et régionaux. Il faut de l’argent ? Qui peut croire que le Crédit Mutuel de Bretagne, le Crédit Agricole, BPCE ou BNP-Paribas ne peuvent pas avancer de quoi relancer une production dont l’utilité sociale et l’intérêt économique ne font aucun doute ? Ne bénéficieraient-elles pas d’une garantie de l’État (300 milliards pour toute la France, a annoncé Bruno Lemaire) ? D’un refinancement à taux négatif (-1 %) par la Banque centrale européenne, qui inonde en ce moment les marchés financiers de liquidités (3 000 milliards pour refinancer les crédits des banques aux entreprises et aux ménages) ?

Cet argent servirait à acquérir de nouvelles machines, à acheter les matières premières nécessaires à la production de masques et, tout de suite, à former les salariés qui seraient nouvellement embauchés, anticipant le moment où les machines auront été livrées et mises en état de lancer les premières productions.

Ce serait, dans la pratique, la mise en œuvre de la sécurisation de l’emploi et de la formation, pilier du projet communiste proposé par le PCF.

La mobilisation populaire qui s’est esquissée en pleine épidémie pour la relance de l’usine de Plaintel peut rendre cette exigence irrésistible, plus forte que les millions de M. Chatila.

Article publié dans À cœur ouvert, publication de la commission Santé PCF Bretagne, n° 5, juin 2020. Contact : croizat.pcf@gmail.com Blog : http://croizat-pcf.blogspot.com/