Pierre Assante
Depuis le 10 mai 1981, la France avait un gouvernement d’« union de la gauche » à participation communiste, issue d’une longue bataille pour un « programme commun » entre communistes, socialistes, radicaux de gauche.
La bataille ouvrière de 1968, les autres qui ont suivi, sociales et sociétales en unité et en divergences (contradiction !), la recherche du PCF pour de nouvelles voies favorisant une hégémonie sociale du salariat, ouvrant le chemin d’une transformation sociale viable dépassant la crise du capital et le système lui-même, ont précédé cette « prise de pouvoir<&nbs>».
Il était plus facile de se féliciter de cette réussite plutôt que de pointer les difficultés à surmonter, les changements de « gouvernance » à effectuer impérativement, les luttes ouvrières et populaires pour de permettre.
Le numéro des Cahiers du communisme daté d’avril a porté sur le plan des analyses à effectuer et mettre en œuvre, et sur le plan d’une nouvelle vision, d’une nouvelle attitude à adopter.
Je recommande, pour comprendre et les erreurs et les causes de erreurs qui ont impacté l’histoire de notre pays dans l’histoire de l’Europe et du monde, de reprendre le contenu historique de ce numéro, en particulier l’analyse, les critiques et les propositions de Paul Boccara qui n’ont pas eu de suites suffisantes dans les décisions politiques, si ce n’est dans sa recherche propre et celle de ses camarades économistes, entre autres, mais aussi de quelques philosophes du PCF et amis qui avaient peu d’influence sur les décisions, alors que comme dans toute organisation d’autres avaient « l’écoute » officielle.
Le numéro suivant en prenait, déjà, plus ou moins, le contrepied.
Aujourd’hui, dans la crise exponentielle actuelle de suraccumulation du capital, ses conséquences sur les moyens à mettre en œuvre dans la catastrophe climatique, énergétique et de civilisation, ceci devrait inciter urgemment à l’alerte claire et incontournable sur la (les) transformation progressive et radicale de l’organisation sociale indispensable pour la survie humaine : c’est-à-dire son développement sur d’autres bases, que nous proposons dans Economie et Politique et que proposent des chercheurs dans les domaines les plus avancés telle l’organisation locale et mondiale du travail.
Retard
J’estime que l’article de Paul BOCCARA « Pour de meilleurs résultats, des critères de gestion nouveaux » parus dans les Cahiers du communisme d’avril 1982, est de l’ordre de la « Critique du programme de Gotha » de 1875, de Marx, soutenue et reprise par Engels.
Ni l’un ni l’autre de ces deux avertissements n’ont été entendus.
C’est aussi de l’ordre de la crise catastrophique globale de ce XXIe siècle au quart de son parcours.
Ces Cahiers contenaient aussi « La nouvelle alliance, métaphore de la science », exposé critique, non au sens populaire de « critique », mais au sens scientifique, des très importants travaux (certes pas les seuls !) d’Ilya Prigogine et d’Isabelle Stengers sur la thermodynamique et « la flèche du temps ».
C’est aussi du même ordre, lorsqu’on pense au déni dont la science et la recherche rationnelle et pratique, en fonction des besoins humains, de la vérité, (la recherche !) a si peu de crédit à qui qu’on puisse s’adresser.
Dixi et salvavi animam meam