
Le projet communiste est une boussole pour formuler une riposte opérationnelle aux assauts des groupes capitalistes contre l’emploi dans l’industrie et les services.
Les milliers de suppressions d’emplois annoncées par les grands groupes de l’industrie et des services résultent d’une logique qu’Emmanuel Macron a incarnée dans tout son cynisme : préserver à tout prix la rentabilité de quelques groupes multinationaux, en s’acharnant à baisser le coût du travail – salaires, emploi, formation – et en sabrant dans toutes les dépenses publiques – à l’exception des dépenses de guerre et de celles qui, par le canal de multiples aides publiques, viennent nourrir les profits du CAC40.
Sous prétexte de réduire la dette publique, le budget voulu par Emmanuel Macron et le gouvernement Bayrou va mettre en péril vital des services publics déjà exsangues, alourdir la pression fiscale sur les couches moyennes et précipiter la récession.
Pour s’en sortir, « taxer les riches » sans s’attaquer au pouvoir du capital sur l’utilisation de l’argent ne suffira pas. Il faut renverser complètement la logique : d’abord, permettre à toutes celles et tous ceux qui en sont aujourd’hui privés d’exercer un emploi efficace, motivant, rémunéré à la hauteur de leurs qualifications, qui leur donne la possibilité de faire valoir tous leurs talents et leur créativité grâce à un accès massif à la formation tout au long de la vie.
C’est ainsi que seront créées les richesses nécessaires pour augmenter les salaires et remplir les caisses de l’État, des collectivités territoriales et de la Sécurité sociale tout en répondant aux immenses besoins sociaux et écologiques. C’est ainsi que l’économie deviendra assez forte pour affronter avec succès les pressions qui s’exercent dans la mondialisation capitaliste.
Le PCF propose :
1-des mesures d’urgence pour stopper la saignée actuelle des emplois et des compétences qui, pour certains secteurs industriels comme l’automobile, conduit aux limites de la disparition pure et simple.
2 des leviers pour entraîner les entreprises dans cette nouvelle logique.
1 Les mesures d’urgence
- un moratoire sur les licenciements
- la transparence sur l’ensemble des aides publiques reçues par les groupes qui suppriment des emplois
- l’arrêt immédiat des aides en cours et leur renégociation, sous critère social et écologique
- constitution dans les territoires touchés par le fermetures et les délocalisations de « comités pour l’emploi », avec les représentants des salariés du secteur privé et du secteur public, des élus locaux, des comités de défense des services publics, pour porter les projets de développement local et appuyer les luttes et les contre projets des salariés.
2 Les leviers pour une autre logique
- prélèvement sur les revenus financiers des entreprises (550 milliards en 2023 !) pour les dissuader de placer leurs profits sur les marchés financiers et encourager, à la place, les dépenses favorables à l’emploi, à la formation et donc à la création de richesses ;
- modulation des cotisations sociales pour pénaliser les entreprises dont la masse salariale croît moins vite que la moyenne de leur secteur ;
- modulation de l’impôt sur les sociétés en fonction du comportement des entreprises au regard de critères d’efficacité économique, sociale et écologique ;
- nouvelle sélectivité du crédit bancaire pour appuyer et rendre possible cette nouvelle orientation dans la gestion des entreprises…
Mais pour que ça marche, il faut que les salariées et les salariés s’en mêlent. Dans de très nombreuses entreprises, leurs représentants, leurs organisations syndicales développent des projets de développement écologique des productions fondées sur la sécurisation et l’enrichissement de leurs emplois. Ils doivent disposer de pouvoirs d’intervention et de décision pour faire valoir ces propositions contre les suppressions d’emplois, les délocalisations, et pour réussir la transformation écologique de notre appareil productif. Ils doivent pouvoir les réaliser grâce à des crédits bancaires bonifiés dont les taux seront d’autant plus réduits que seraient programmés davantage de créations d’emplois et de dépenses de formation et de recherche.
Dès maintenant, il est possible faire pression sur le pôle financier public actuel (banque postale, CDC, BPI) ainsi que des banques mutualistes (Crédit agricole, crédit mutuel) pour des interventions dans ce sens, et d’interpeller l’ensemble du secteur bancaire pour qu’il assume cette nouvelle mission plus conforme à sa responsabilité sociale et environnementale que la course à la spéculation financière à laquelle il se livre depuis quarante ans.
Dans une perspective de changement profond des pouvoirs de décision économique, l’action des comités de défense de l’emploi pourrait être consolidée, pérennisée et étendue par la convocation, dans tous les territoires, dans les régions et au niveau national, de nouvelles institutions dotées de pouvoirs de décision économique et de moyens financiers : des conférences pour l’emploi, la formation et la transformation écologique des productions rassemblant tous les acteurs économiques. Des objectifs précis et chiffrés de créations d’emplois, de programmes de formation, de développement des services publics y seraient démocratiquement élaborés, adoptés et contrôlés. Les grands groupes, les banques y seraient mis au pied du mur : la population exigeraient qu’ils fassent leur devoir – c’est-à-dire embaucher, former, innover et produire –. Le pouvoir d’État pourrait lui aussi être mis en difficulté si au lieu d’accompagner le mouvement, il choisit, comme en ce moment austérité budgétaire, répression salariales et récession qui mettent la patrie en danger ! Cela ferait monter l’exigence que l’argent que la Banque centrale européenne créée par milliers de milliards n’aille plus aux marchés financiers mais au développement de l’emploi et des services publics.