Préserver la biodiversité c’est la condition de notre existence !

Observer la disparition d’un milieu naturel est toujours bien plus grave qu’il n’y parait de prime abord. Cela peut annoncer la disparition d’une espèce. Or le constat est alarmant. Selon les scientifiques, 1 million d’espèces seraient menacées au cours des prochaines décennies. La disparition d’une espèce contribue à des déséquilibres majeurs d’écosystèmes pourtant déterminants à la vie humaine. Nous constatons une accélération sans précédent due en grande partie à l’activité humaine. Nous sommes au cœur des enjeux Homme/Nature. Comment faire cohabiter activité économique et respect de la nature ? Est-ce possible dans le cadre du capitalisme ?

La biodiversité1 est la diversité, naturelle ou non, des organismes vivants et des végétaux de la Terre. Elle s’apprécie en considérant la diversité des écosystèmes, des organismes vivants et des gènes dans l’espace et le temps, ainsi que les interactions au sein de ces niveaux d’organisation entre eux qui, en fait, composent la biosphère2.

Pierre-Henri Gouyon3, insiste sur une notion ; la biodiversité n’est pas « statique ». Elle est dynamique. Elle est constituée d’un ensemble de processus héréditaires et écologiques impliquant des interactions entre les différentes formes et aboutissant à l’émergence de formes nouvelles ainsi qu’à l’extinction de certaines lignées. C’est l’ensemble émergences/extinctions, fondé sur les processus d’interactions écologiques, qui constitue la biodiversité.

La variabilité génétique de la vie, des systèmes en perpétuelle évolution, la construction sociale, économique, juridique et politique sont des principes essentiels qui entourent le concept de biodiversité4.

Avec nos caractéristiques propres d’être humain nous appartenons à ce tissu vivant. Cette biodiversité est la condition de notre existence. Il ne peut donc y avoir de développement humain durable sans biodiversité5.

Comme nous l’avons affirmé lors des Assises communistes de l’écologie en 2018 : « Chacun·e d’entre-nous pressent effectivement que l’avenir de l’humanité se joue, aujourd’hui […] sur la relation qu’entretient l’humain à la planète traversés par les enjeux déterminants de la lutte de classe. »

Érosion sans précédent de la biodiversité

La communauté scientifique internationale se mobilise depuis plusieurs décennies sur l’enjeu de la préservation de la biodiversité6. Jusqu’à présent 2 millions d’espèces ont été répertoriées et identifiées, mais on en découvre chaque année 10 000 nouvelles. Depuis environ trois siècles on constate que le capital biologique de la Terre, après avoir été en constante expansion, est en pleine érosion. Des chercheurs estiment qu’entre un quart et la moitié des espèces terrestres seront éteintes à la fin du xxie siècle.

Début mai 2019, au siège de l’ONU à Paris, 145 scientifiques de la « Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques » (IPBES en anglais) issus de 50 pays ont publié un rapport de 1 800 pages – sur la base de 15 000 références scientifiques et de sources gouvernementales – portant sur l’évaluation mondiale de la biodiversité. Le résumé du rapport destiné aux décideurs a été ratifié par les 132 représentants des États membres.

15 ans après la dernière synthèse réalisée pour le millénaire en 2005, ils ont dressé un tableau de la dégradation de la biodiversité, à l’échelle mondiale. Le constat est sans appel : « La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine et le taux d’extinction des espèces s’accélère. »

Les experts confirment que le rythme actuel de disparition est 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel d’extinction. « Ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité ». Ainsi, plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés d’extinction. Idem pour 25 % en moyenne des espèces concernant les vertébrés terrestres,
d’eau douce et marins, les invertébrés et les plantes. 10 % d’espèces d’insectes sont aussi estimées menacées. Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont ainsi été « gravement altérés par l’action humaine ». De même, plus de 85 % des zones humides « ont été perdues ».

Et en France…

Le recensement produit par l’Office national de la biodiversité (ONB)7est tout aussi alarmant. « En l’état actuel des connaissances, 26 % des espèces évaluées présentent aujourd’hui un risque de disparition. Ce risque est nettement plus élevé dans les outre-mer (40 %) par rapport à la métropole (22 %) », révèle le rapport. 3 % des espèces sont d’ores et déjà éteintes, 4 % sont en danger critique et 6 % en danger.

L’évolution du risque se révèle particulièrement préoccupante pour les amphibiens, les oiseaux nicheurs, les mammifères et les reptiles8. Certaines espèces s’en tirent mieux que d’autres. Tel est le cas des oiseaux généralistes et des grands prédateurs.

Entre  2006 et  2016, 38 % des chauves-souris ont disparu. « L’évolution des effectifs de chauves-souris est […] un bon indicateur du niveau de pression exercé par les activités humaines sur la biodiversité », indiquent les auteurs du rapport. Ces espèces, expliquent-ils, sont en effet sensibles à plusieurs facteurs : destruction de leurs habitats, pollution lumineuse, raréfaction de leur régime alimentaire, développement des éoliennes, dérangement des colonies et des sites d’hibernation…

Tandis que l’implantation des prédateurs progresse (loups, ours, lynx…), 33 % des populations d’oiseaux agricoles ont diminué, 30 %pour ceux vivant dans les milieux bâtis et 3 % pour ceux des espaces forestiers. « Les causes de leur déclin sont multiples », indique le rapport, qui cite toutefois en tête la dégradation des habitats et l’effondrement des insectes. Cette dégradation n’est pas connue par les espèces dites « généralistes » qui augmentent de 19 %. Ce qui traduit une « homogénéisation des communautés d’oiseaux dont la composition évolue vers des espèces peu spécialisées, présentes dans tous les milieux ».

Au moment où nous venons de récolter environ 37 kg de miel, issu des ruches installées sur les terrasses du siège du PCF, place Colonel Fabien, les scientifiques comme les apiculteurs déplorent la faiblesse des récoltes et la mortalité accélérée de tous les insectes pollinisateurs. En cause, certes le frelon asiatique pour certaines régions, mais avant tout, l’utilisation des insecticides de la classe des néonicotinoïdes, normalement interdits depuis un an, tandis que les études de toxicité, par les organismes officiels, se font attendre sur de nouveaux types de fongicides de type SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase).

Pourtant, les insectes butineurs contribuent à la pollinisation de 80 % des espèces de plantes à fleurs. Une récente évaluation économique du service de pollinisation par l’EFESE (Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques)9montre que la part de la production végétale destinée à l’alimentation humaine représente en France une valeur comprise entre 2,3 et 5,3 milliards d’euros (2010). Ainsi, c’est entre 5,2 % et 12 % de la valeur totale de ces productions qui dépendent des pollinisateurs.

L’économie capitaliste n’a pas d’état d’âme

« Le capitalisme ne se développe qu’en ruinant dans le même temps les sources vives de toute richesse : la Terre et le travailleur. »10Cette dénonciation structurante de Marx à aujourd’hui reste d’une brûlante actualité.

Les causes de l’érosion de la biodiversité sont de façon certaine liée aux activités humaines.

Parmi les facteurs identifiés citons pour 50 % des effets négatifs, les changements d’usage des sols et de la mer (modification des habitats) conséquence de l’expansion agricole au détriment des forêts, l’exploitation illégale des ressources naturelles (pêche, chasse, etc.), Bien entendu le changement climatique a une incidence forte « depuis le niveau des écosystèmes jusqu’à celui de la diversité génétique – impact qui devrait augmenter au cours des décennies à venir ».Enfin citons également les polluants (engrais, pesticides, déchets industriels et plastiques et l’augmentation des espèces exotiques envahissantes.

Ainsi au Brésil, la déforestation de l’Amazonie (le poumon de la planète) s’intensifie sous la férule de président d’extrême droite Jair Bolsonaro. De récentes révélations de l’Institut national de recherche spatiale (Inpe)11indiquaient que la déforestation avait été quasiment multipliée par quatre en juillet par rapport au même mois de 2018. Depuis les années noires de 1970 environ 18 % de la forêt amazonienne a disparu. En dix ans, c’est l’équivalent de la France qui est aujourd’hui affecté à l’élevage, aux cultures et à la prospection minière mettant en péril cette forêt riche d’une biodiversité unique au monde et qui joue un rôle crucial dans la régulation du climat de la terre.

Un autre fervent climato-sceptique fait beaucoup parler de lui. Il s’agit de Donald Trump. Dès son arrivée, le très autoritaire président des états-Unis a retiré la signature de son pays de l’Accord de Paris. Si on a pu croire à une mauvaise fantaisie les décisions prises depuis ont confirmé son état d’esprit. En effet, courant août 2019, il a décidé de s’attaquer insidieusement à la loi la plus protectrice en faveur de la biodiversité. Aux états-Unis, les populations sont attachées à cette loi de protection car la mémoire reste vive des massacres des bisons lors de la conquête de l’Ouest. Il agit insidieusement car il ne modifie pas le contenu de la loi mais les décrets d’applications. Objectif officiel : alléger les contraintes bureaucratiques et financières. En réalité : ouvrir ces terres protégées à l’exploitation. Le seul espoir des scientifiques et des défenseurs de la nature ce sont les tribunaux qui bloquent la mise en vie de ces nouveaux décrets.

Comment ne pas évoquer le tout récent rapport spécial du Giec sur le secteur des terres. « Un quart des terres libres de glace est sujet à une dégradation induite par les activités humaines (agriculture intensive et monoculture) »précise le rapport. L’agriculture mondiale produit 23 % des émissions globales de gaz à effet de serre et jusqu’à, selon certaines études, 37 % en incluant toutes les activités liées à ce secteur (transport, énergies…).

« L’Arctique ? C’est un deuxième Moyen-Orient ! » s’exclamait Michel Rocard12en 2011. Pétrole, transport maritime, pêche, tourisme : l’exploitation industrielle de ce territoire fait baver les multinationales du monde entier. La Russie espère beaucoup de cette nouvelle route de la « soie polaire ». Il est quasi certain, d’après les modèles climatiques, qu’à partir de 2030 des voies navigables entre l’Asie et l’Europe s’ouvriront pendant une bonne partie de l’été, ce qui peut raccourcir de moitié la distance Europe-Asie pour le transport maritime. Or, l’écosystème de l’océan Arctique est un des plus vulnérables de la planète. Il existe environ 400 espèces animales dans l’Arctique. C’est dans cette perspective que Trump envisage l’achat du Groenland au Danemark. Il bougonne face au refus de ce dernier de se séparer d’une partie de son territoire.

Le développement de cette intense activité économique avait conduit le PGE, en 2016, à l’initiative des communistes finlandais, à se mobiliser car la Commission européenne affirmait, en outre, vouloir promouvoir une exploitation durable des ressources notamment hydrocarbures. Il s’agissait également de se prémunir de toute implantation nucléaire militaire sur cette zone. La mobilisation reste à l’ordre du jour.

« Nous adoptons la Charte de Metz du G7 (5 et 6 mai 2019) sur la biodiversité et invitons tous les acteurs concernés à se joindre à nous dans cette entreprise. Conformément à cette Charte, nous renforcerons et améliorerons nos stratégies, politiques, plans d’action et programmes de recherche actuels en matière de biodiversité, en augmentant le niveau de mise en œuvre des engagements et actions associées, et en prenant de nouveaux engagements. » Le communiqué du G7 Environnement est pavé de bonnes intentions. Tout est passé au crible des ministres de l’environnement : agriculture, océans, forêts, prélèvement des ressources naturelles, micro-plastiques et pollutions de toute sorte… et bien entendu biodiversité.

« Afin de lutter contre la perte de biodiversité, nous nous engageons à prendre des mesures pratiques et concrètes contre les pressions anthropiques majeures qui menacent les écosystèmes, les espèces, les populations et la diversité génétique. »

Mais quel crédit accorder à ces bonnes volontés qui soulignent « l’importance de soutenir les flux financiers les plus cohérents avec nos objectifs environnementaux, notamment pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité » alors qu’ils n’envisagent aucunement de sortir d’un système qui continue de privilégier la rentabilité financière sur toute autre considération humaine et environnementale ?

Que fait la France ?

La France, sur le plan international, est très volontaire. Ainsi, elle s’est proposée, sous sa présidence du prochain G7 à Biarritz (août2019), d’accueillir un atelier scientifique consacré à la normalisation de la surveillance des microplastiques, y compris la biosurveillance, et de la contribution potentielle des sciences du comportement à la conception de stratégies visant à réduire les microplastiques et la pollution liée au plastique.

De même elle organisera un atelier sur l’allongement de la durée de vie des produits (reconditionnement, remise à neuf, réparation et réutilisation directe) afin de contribuer à l’efficacité des ressources en matière de maintien de la valeur, notamment en étudiant son potentiel dans le secteur des biens de consommation.

Si l’objectif du G7 est de garantir la mise en place d’un cadre réglementaire approprié pour promouvoir l’utilisation efficace des ressources et pour donner des signaux clairs aux opérateurs économiques et à la société dans son ensemble, alors pourquoi hésite-t-elle, autant, à demander à Total de réviser sa politique d’approvisionnement en huile de palme dans le cadre de la reconversion de la bio-raffinerie de La Mede? D’une façon générale on peut s’interroger sur l’efficacité de mobiliser des terres pour la production de bio-énergies mais on ne peut que condamner l’utilisation d’huiles issues de palmeraies qui se développent au détriment de forêts indonésiennes.

Des projets pour le territoire national mais peu de moyens…

Avec le vote de la loi biodiversité en juillet2016, des avancées sont réelles. L’Office français de la biodiversité, opérateur public, est créé regroupant au 1erjanvier 2020 l’Agence française biodiversité (AFB), l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) certes, avec des moyens humains et financiers bien trop limités. Cependant, le texte de loi encadre l’exploitation de la biodiversité conformément à la signature du protocole de Nagoya13 par la France.

Le Plan biodiversité du gouvernement décidé du temps de Nicolas Hulot avance au ralenti. De nouveaux dispositifs voient le jour comme les Obligations réelles environnementales14 (ORE) dans le but de reconquérir la biodiversité ainsi que des contrats de transition écologique bâtis sur appels à projet. La France des zones de biodiversité les plus menacées (ONB) est cartographiée et elle étend son réseau de réserves naturelles. Les assises de l’eau, qui se concluent en juillet2019, mettent l’accent sur la protection des captages d’eau potable, les économies d’eau ainsi que la préservation des rivières et des zones humides. Toutefois la question du financement reste posée…

Pour rappel, E.Macron avait envisagé avant «l’affaire Benalla», une révision de loi constitutionnelle, notamment son article premier, qui devrait préciser que la République «agit pour la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et contre les changements climatiques». Cependant beaucoup d’observateurs sont critiques sur cette évolution estimant qu’elle n’apporte rien de plus que la Charte de l’environnement de 2004, qui fait partie du bloc constitutionnel. Le gouvernement a créé le Conseil de défense écologique qui chaque année devra auditionner la Haut Conseil pour le climat dont le dernier rapport stipulait que la France était en retard sur ses objectifs en matière de climat.

Toutefois, même avec ces avancées, trop d’intérêts contradictoires ralentissent l’urgence d’une action conséquente et efficace pour la préservation de la biodiversité. La domination de l’économie libérale détruit et oppose les hommes à la nature quand elle ne cherche pas à en tirer un profit maximum.

La marchandisation est une menace pour les êtres vivants et la nature15

La biodiversité est essentielle à l’humanité. Elle en est complètement dépendante, notamment au travers des services écosystémiques dont les humains retirent des bénéfices. On recense quatre catégories de services parmi lesquels ceux :

  • d’approvisionnement :nourriture, combustibles, matériaux ou médicaments… ;
  • dérégulation : climat, inondations, pollinisation… ;
  • socioculturels : bénéfices récréatifs, culturels, esthétiques ;
  • de soutien : action nécessaire à tous les autres services assurant le bon fonctionnement de la biosphère (grands cycles biogéochimiques de l’eau, du carbone…) ou la production primaire.

Les « penseurs » du libéralisme et leurs économistes veulent nous démontrer que seuls la privatisation et le marché avec la concurrence libre et non faussée peuvent préserver la biodiversité. Des entreprises envisagent de s’approprier des écosystèmes pour accaparer des espèces, des gènes, des forêts ou des captages d’eau et « brevetabiliser» tout ce qu’ils peuvent.

Ces services écosystémiques devraient être évalués pour être vendus! Mais la valeur des éléments naturels ne relèvent pas que de leur utilité! En fait, le système en place veut transformer les biens et les services en objet de valeur quantifiable et échangeable viades mécanismes de marché. Cette méthode est une grave impasse. Il faut au contraire combattre la privatisation des services rendus par la nature, organiser l’accès aux ressources génétiques par un partage juste et équilibré des avantages avec les populations autochtones…

Par ailleurs, soulignons que le mécanisme de «compensation» de perte de biodiversité (selon le triptyque: éviter, réduire, compenser) lié à un aménagement est dangereux. En effet, on ne peut pas reproduire à l’identique (équivalence écologique) ce qu’on détruit! Le principe des réserves d’actifs naturels qui fait des banques des opérateurs de compensation avec l’évaluation d’unités de biodiversité préservées ou restaurées, crée de fait un marché qui est le signe de la financiarisation de la nature.

Nous refusons toute appropriation individuelle ou collective et « brevatibilité » du vivant.

Comment concilier activités humaines, activités économiques et préservation de la biodiversité ?

Nous sommes engagés dans une course de vitesse. L’enjeu du devenir de la biodiversité est une question politique entière. Elle est essentielle à la vie humaine. L’Homme lui-même en constitue un maillon. C’est une question trop sérieuse pour la laisser entreles mains des tenants du marché capitaliste. C’est un défi que nous inscrivons en bonne place dans notre projet politique. Relever les défis écologiques du développement humain durable et des rapports Homme-Nature sont intrinsèquement liés. Nous ne fermons pas la porte au progrès, bien au contraire, mais nous avons conscience qu’il nous faut changer de cap dans notre manière de produire, de consommer et d’urbaniser.

L’humanité, par son activité (agricole et industrielle), sous la tyrannie libérale d’un système productiviste et consumériste incontrôlé, exploite des quantités non négligeables d’énergie16 et de matières premières ; tandis qu’elle rejette de grandes quantités de déchets. D’une part, les prélèvements sont trop importants pour être renouvelés dans des délais naturels. D’autre part, la biosphère pour continuer son cycle de renouvellement doit être en mesure de recycler ces déchets. Ce qui s’avère difficilement soutenable. Les temps courts du profit financier et de l’exploitation conséquents au système capitaliste aujourd’hui mondialisé et financiarisé s’opposent aux temps longs nécessaires pour permettre le renouvellement et donc la survie des écosystèmes et de la biodiversité.

Un nouveau mode de production et de consommation est indispensable pour la transformation écologique de notre société.

Nous nous prononçons pour une croissance maîtrisée et un développement responsable qui redonne à l’industrie toute sa place dans la production (relocalisations, circuits courts). Nous affirmons que l’activité de l’industrie peut être compatible avec le respect de l’environnement si celle-ci innove ses pratiques en matière d’éco-conception, contribue à une économie circulaire en lieu et place d’une économie verticale, favorise des filières de recyclage des matériaux et en termine avec l’obsolescence programmée17… Une taxe sur les prélèvements excessif ou inutiles des ressources naturelles devrait être instituée.

Par les valeurs constitutives qui sont les siennes, par les critères éloignés des notions de concurrence et de compétitivité qu’elle porte, l’économie sociale et solidaire contribue à ouvrir le champ des perspectives et à convaincre qu’un autre avenir est possible. Particulièrement adaptée au niveau des territoires car c’est là qu’elle est le plus efficiente, elle participe à la relocalisation des activités, à la constitution de circuits courts, à l’innovation et à l’expérimentation citoyenne.

Plus globalement, notre ambition est un appel à l’intelligence collective et à un grand plan d’investissement dans la recherche et la formation pour développer les conceptions nouvelles liant les besoins au respect de l’environnement. Nous avons besoin d’une recherche fondamentale de haut niveau n’obéissant pas à des objectifs d’applications immédiates et dégagée des critères de rentabilité financière.

Nous voulons promouvoir un indice mondial de développement humain, fondé sur le niveau d’éducation, la durée de vie en bonne santé, un niveau de vie décent ou encore la mesure des inégalités de genre et de pauvreté. Il devient incontournable d’associer indices de développement humain (IDH), mesure de l’état de la biodiversité qui s’opposent aux seuls critères de profit financier du CAC40.

Il est urgent de bâtir un nouveau mode de développement humain durable qui satisfasse les aspirations des femmes et des hommes dont celle du droit au travail pour tous, la réponse aux besoins de bien vivre de nos concitoyens (réponse aux besoins humains).

Nous proposons une nouvelle ambition agricole et alimentaire émancipées des logiques de libre-échanges afin de garantir la souveraineté, la sécurité et la qualité alimentaire des populations. Pour cela, la juste rémunération du travail des paysans et des salariés agricoles est une condition incontournable. Cela implique de garantir des prix justes et rémunérateurs, de planifier la production, de soutenir équitablement les exploitations et les filières les plus fragiles. L’agriculture doit initier un nouveau mode de développement orienté vers l’agro-écologie, autrement dit l’agriculture paysanne.

De la même manière nous défendons une pêche artisanale, relocalisée et rémunératrice.

Nous plaidons également pour une véritable politique forestière en renforçant les missions de services publics de l’ONF.

Un projet alternatif réussi ne peut s’envisager sans le développement et la modernisation de services publics compétents, à l’image de l’ONF – qu’il faut préserver –, et comme cela devrait être déjà le cas, au plan national, au moins pour l’eau et les déchets. Car l’eau est un bien commun de l’humanité. Sa gestion doit être sortie des griffes des multinationales. Et les déchets des uns peuvent devenir des ressources pour d’autres.

Le développement des services publics de l’environnement et de l’écologie est donc crucial, tout comme celui d’entreprises publiques fonctionnant avec des critères d’économie de ressources naturelles et de moyens matériels… Des services publics nationaux qui doivent coopérer entre eux jusqu’au niveau mondial…

Nous sommes au cœur des rapports de lutte de classe Homme/Nature.

Agir pour la gestion économe des ressources naturelles appréhendées comme des biens communs, contre le réchauffement climatique, pour le respect de la biodiversité et des écosystèmes, répondre à la crise alimentaire et avancer vers une transition énergétique la plus décarbonnée possible sont des conditions incontournables pour préserver l’humanité et la planète. Toutefois, cette ambition n’a de sens pour les communistes que si le combat s’exprime, avec tout autant de force, sur le terrain social afin de résorber les inégalités. Le combat contre les inégalités sociales et environnementales sont les deux faces d’une même pièce.

Retour aux assises…

Nous avons affirmé : « Nous sommes à la croisée des chemins entre, d’une part, un mode d’exploitation des êtres humains et de la nature qui fait courir le risque de réelles menaces pour l’humanité et, d’autre part, la construction, en cours, d’un autre monde, respectueux de la vie des hommes et des femmes, comme de leur environnement. »

C’est un nouveau monde qui cherche à se développer, non pas sur la concurrence, de tou·te·s contre tou·te·s, mais sur la coopération, la solidarité et la préservation des ressources naturelles. À ce monde-là, qui émerge au travers d’une multitude d’actions, de mobilisations, de savoir-faire, nous voulons apporter notre contribution de communistes.

  1. La biodiversité : terme composé du mot bio (vie) et diversité.
  2. Définition du Journal Officiel du 12 avril 2009.
  3. P.H. Gouyon, agronome, biologiste et évolutionniste, professeur au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).
  4. L. Foulquier, A. Pagano, H. Bramy, Contribution à l’Humanité,septembre 2016.
  5. Idem.
  6. L’année 2010 avait été consacrée « année internationale de la biodiversité » par l’ONU. Elle s’est conclue par la conférence de Nagoya sur la biodiversité qui a reconnu l’échec des objectifs de la Convention sur la diversité biologique (CDB) et s’est fixée de nouveaux objectifs au travers du protocole de Nagoya.
  7. « Biodiversité Les chiffres clés », Édition 2018, Commissariat général au développement durable et Actu-Environnement du 7 janvier 2019, article de Laurent Radisson.
  8. Le risque d’extinction de ces quatre groupes en métropole a augmenté de 15,2 % entre les deux évaluations menées en 2008-2009 et 2015-2017.
  9. Commissariat général au développement durable :Théma Analyse biodiversité, novembre 2016.
  10. Le Capital, livre I, Éditions Sociales, p. 565-567.
  11. Inpe : organisme public qui surveille par satellites la plus grande forêt tropicale du monde.
  12. Michel Rocard, ancien Premier ministre et ambassadeur de France aux pôles Arctique et Antarctique.
  13. Le Protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation à la Convention sur la diversité biologique, plus communément appelée Protocole de Nagoya sur l’accès et le partage des avantages (APA), est un accord international sur la biodiversité. Il a été adopté par les Nations unies, le 29 octobre 2010 à Nagoya, au Japon, et est entré en vigueur le 12 octobre 2013.
  14. ORE : il s’agit d’un outil contractuel entre un propriétaire, privé ou public, lui permettant de mettre en place de manière volontaire des mesures de protection de l’environnement.
  15. Les passages en italique sont issus du texte « Biodiversité : une lutte permanente », contribution pour l’Humanité, L. Foulqiier, A. Pagano, H. Bramy.
  16. Ici compris au sens de l’énergie solaire directe utile à la photosynthèse.
  17. Lire à ce propos les travaux de la Convention industrie du PCF.