L‘article d’Alec Desbordes et Benjamin Pestieau « Pour gagner, notre classe a besoin d’un nom » publié dans notre numéro 828-829 a ouvert un débat sur la nature des forces sociales porteuses du combat pour l’abolition du capitalisme, jusqu’à son dépassement, dans le monde contemporain. Nous ouvrons cette page à celles et ceux qui souhaiteront formuler un avis sur ce sujet.
Comme premières contributions, on pourra trouver ici
- l’orientation adoptée sur ce point par le PCF à son récent congrès de Marseille, en avril 2003 : « Les caractéristiques de la crise française, autant que l’ampleur des enjeux auxquels il nous faut répondre, conduisent à poser d’une nouvelle manière la question de la stratégie à même de conduire à une victoire politique. Notre démarche ne saurait se résumer à la recherche d’alliances entre forces de gauche, ni céder à l’illusion d’un changement politique initié du seul sommet de l’État. Inversement, nous ne cédons pas non plus à l’illusion que ce changement politique pourra ignorer la question de la conquête majoritaire du pouvoir d’État, condition insuffisante mais nécessaire d’une transformation radicale de la société. Dès lors que le projet communiste s’avère indissociable d’une conception de classe de la bataille pour l’émancipation humaine, il importe de clairement identifier le sujet de la révolution que nous appelons de nos vœux. Nous voulons que la majorité sociale existant dans notre pays devienne la majorité politique. Notre priorité est de nous adresser au monde du travail et de la création, tel qu’il se constitue au 21e siècle, et à la jeunesse. En ce premier quart du 21e siècle, ouvrier·ères et employé·es représentent les principaux secteurs de la population en emploi. Et, toutes et tous ensemble, avec les millions de privé·es d’emploi, avec les millions d’agent·es des services publics, avec la très large partie des cadres, ingénieur·es et technicien·nes que leur relation au travail, au salaire et à la protection sociale rapproche des autres composantes du salariat, avec les travailleurs et travailleuses des plateformes que gouvernements et patronat ont exclu du droit social, avec les agricultrices et agriculteurs, avec les artisan·es, avec les retraité·es qui ont quitté l’activité salariée, avec la jeunesse scolarisée qui est appelée à former une grande partie du monde du travail de demain, avec les professions de la création artistique et culturelle, ils représentent une force considérable. Ce sont toutes celles et ceux qui vivent majoritairement du revenu direct de leur travail ou de sa redistribution, et non de l’exploitation et de la financiarisation ».
- l’analyse présentée par Paul Boccara au colloque de Transform en juin 2003, intitulé « Nouveau capitalisme et nouveaux rapports de classe. Classes et questions sociales aujourd’hui » et publié dans le numéro 588-589 d’Économie&Politique. L’auteur reliait la question d’une stratégie de rassemblement à son analyse de la crise du capitalisme au stade où elle en était parvenue dans les toutes premières années de notre siècle : « Le recul de la classe ouvrière, la perte de repères et le brouillage des identités de classe ont souvent été mis en avant à propos des transformations des couches sociales depuis une vingtaine d’années dans la crise systémique du capitalisme, en relation avec les nouvelles technologies, les déréglementations, la mise en concurrence accrue des salariés. À l’inverse récemment on commence à insister en France sur le maintien majoritaire des classes dites « populaires », des employés et ouvriers, ainsi que de leur identité propre.
Au-delà de cette opposition, la réalité serait encore plus dialectique en se rapportant à l’ensemble des salariés. Elle concernerait d’abord la montée des divisions et un certain recul de la place des ouvriers, mais aussi plus récemment la progression de rapprochements nouveaux, et qui pourraient se développer par des projets communs, mettant en cause le système capitaliste comme jamais, touchant les différentes couches de salariés sans gommer leur diversité. Cela se rapporterait tout particulièrement, à propos de l’emploi et de la formation, à des rapprochements par le bas, avec le chômage et la précarisation, et par le haut avec l’exigence de formation et aussi d’intervention dans la gestion des entre prises. Cela viserait aussi les autres dominations sociales ». - le point de vue développé par Frédéric Mellier dans le numéro 412 de La Pensée (quatrième trimestre 2022) sous le titre « « Blocs » politiques ou unité du salariat ? » et dans L’Humanité du 27 janvier 2023 sous le titre « Les « blocs » politiques et les classes sociales » ;
- l’article d’Alec Desbordes et Benjamin Pestieau ;
- la réponse de Gilles Mercier « De la conception du salariat à la stratégie politique » ;
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