Thalia Denape
En, octobre dernier, une équipe de militants du PCF se sont associés à des ingénieurs et scientifiques pour proposer un projet de Plan climat du Parti communiste français. Ce plan élabore des choix sur les technologies à utiliser, en s’appuyant sur l’état des connaissances de la science, pour parvenir à une neutralité carbone en 2050 et fait également des choix sur la démarche économique et sociale à mettre en œuvre. Ce plan est destiné à évoluer, à s’enrichir et une deuxième version devrait être présentée en 2024. L’existence de ce Plan climat et la volonté politique de faire de l’écologie un élément clé de l’identité du PCF vise à réfuter l’image d’un Parti communiste désintéressé des questions écologiques qui a été coûteuse sur le plan électoral en laissant d’autres partis se réapproprier cet enjeu et cette identité sur des bases non révolutionnaires.
De fait, nous sommes loin aujourd’hui de l’hypothèse prophétique et dangereuse que le dépassement du capitalisme, sans réflexion sur les enjeux écologiques suffirait seul à limiter les dégâts que le système économique engendre sur l’environnement. Cette perspective idéologique non dialectique et conservatrice a abouti à des expériences du socialisme qui eu des effets contradictoires mais souvent catastrophiques sur le plan environnemental Mais ce constat ne doit pas nous engager dans l’écueil inverse qui pourrait être tentant : faire de l’écologie la priorité au vu de l’urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons, en faisant avec les moyens qui sont déjà là dans notre système économique et reléguer le dépassement du capitalisme à plus tard. Cette stratégie ne peut être que mauvaise et ne peut aboutir qu’à l’échec car elle oublie encore une fois l’interconnexion des systèmes entre eux et l’impossibilité de parvenir à une solution ambitieuse pour l’environnement dans notre système actuel.
Il nous faut donc penser les choses dialectiquement : le système écologique est bien interconnecté au système économique et anthroponomique dans un rapport non hiérarchique. Les trois systèmes et leur transformation ont donc besoin d’être pensés ensemble. Cela ne signifie pas qu’il faille nous abandonner au sentiment d’impuissance en décrétant que s’il faut agir sur tout à la fois, on n’agira donc forcément sur rien. Le fait est que la perspective révolutionnaire exige de nous une rigueur et une cohérence dans nos propositions dont ne s’embarrassent pas les autres forces politiques. Cette exigence rend les choses moins faciles peut-être, mais non impossibles. Elle demande de s’ouvrir à des créativités nouvelles que nous pouvons trouver dans le débat théorique, et dans les luttes sociales concrètes. Partir du constat que la transformation du système économique, anthroponomique et écologique doivent être pensés ensemble, n’empêche pas de faire des choix sur les propositions à mettre en avant en premier ou sur les expériences concrètes à mener en priorité.
Il faut donc nous doter d’un Plan climat qui montre alors que le PCF entend faire de l’écologie autre chose qu’un thème purement scientifique ou alors réduit à un débat « sociétal », déconnecté des enjeux économiques et sociaux. Le projet du plan climat actuel esquisse les premiers éléments dans ce sens en présentant dans différentes parties les choix en matière d’énergie, des éléments économiques, des éléments sociaux notamment sur le rôle de l’Ecole. Notre responsabilité est maintenant d’aller plus loin en connectant ces éléments aujourd’hui présentés comme tous nécessaires, mais pensés séparément.
Au-delà de cela, il y a une autre tentation possible qu’il faut veiller à éviter : Vouloir prestement associer le PCF à une image « verdie », dans le but de démentir le désintérêt du PCF aux questions écologiques dans les médias et dans la population, dans le but de récupérer un électorat perdu sur ces enjeux, en faisant l’économie d’un débat démocratique organisé à large échelle. Un tel plan procède à des choix politiques en termes de production et de consommation qui ne peuvent être pris par quelques-uns. C’est en ce sens que la science économique, qui est une science des choix, est éminemment politique. Un plan climat du PCF n’a des chances de réussite que s’il s’agit d’un vrai projet populaire, qui mêle le savoir savant et le savoir populaire pour être réaliste et être approprié par un large pan de la population.
Économie&Politique met ce numéro hors-série à disposition des militants, des salariés, citoyens, élus et de toute personne désirant entrer ou approfondir le débat initié l’année dernière par la publication du projet de Plan climat. Elle regroupe les interventions réalisées lors d’un webinaire organisé par la commission économique du PCF le 19 décembre dernier. Ces interventions cherchent notamment à donner des éléments pour débattre sur le besoin de démocratie pour décider d’un changement de production et de consommation, sur les rapports économiques internationaux dans la perspective d’un plan climat, sur la logique de financement d’un projet pour le climat, ou encore du rôle des entreprises et des luttes.
Le blog d’Économie&Politique, mis à jour au fil de l’actualité, propose également différents matériaux et contributions à l’adresse suivante : https://www.economie-et-politique.org/category/plan-climat-empreinte-2050/ .
On y trouvera en particulier l’enregistrement vidéo complet du séminaire du 19 décembre : https://www.economie-et-politique.org/2023/12/21/webinaire-sur-lelaboration-dun-plan-climat-du-pcf/
J’exprime depuis plusieurs années l’idée que par nos combats et nos réalisations le PCF au travers de toute son histoire est le premier parti écologiste de notre pays.
Les militants communistes ont souvent agi avec un souci d’amélioration de la vie de nos concitoyens et de préservation de l’outil industriel et agricole, sans aucune conscience du caractère écologique de leurs actions, pour la simple raison que l’écologie n’était pas encore un domaine politique connu et important.
Les communistes français ont donc fait depuis très longtemps de l’écologie, comme Mr Jourdain faisait de la prose, sans le savoir
De plus, on leur reproche les erreurs commises par les ex pays socialistes qui ont été placés dès la révolution d’Octobre 1917 en Russie dans la préoccupation majeure du rattrapage du développement des pays développés de l’Occident qui les a toujours isolés, ce qui n’a pas été le cas ensuite pour la Chine ou le Vietnam.
La critique d’être productivistes à leur égard mériterait d’être revue par ceux qui la mettent en avant au regard de tout ce que nous connaissons et savons maintenant.
En matière d’écologie les communistes français n’ont absolument pas à rougir de ce que les différentes générations d’entre eux on fait et continuent de faire.