Pour une France des Jours Heureux !
« Une France souveraine dans une Europe de Sécurité et de Paix ».

Les auteurs de cet appel collectif s’inscrivent dans le débat auquel Économie&Politique veut contribuer par la publication de ce dossier.

Les communistes français proposent à notre peuple, à la France, d’aller vers des « jours heureux » en s’opposant à toute forme d’impérialisme. Cela conduit tout naturellement à ce que notre pays se dote et dispose de moyens d’indépendance et de souveraineté le garantissant d’éventuelles pressions ou agressions qu’il aurait à subir, que ce soit militairement, économiquement ou autres…

Cinquième puissance mondiale, la France dispose de nombreux moyens technologiques et industriels, que ce soit par la promotion de ses connaissances, des matériels et des outils qu’elle détient dans l’ensemble des secteurs liés à la sécurité et à la défense.

Hérité de son histoire, notre pays possède le deuxième domaine maritime mondial correspondant à des territoires peuplés et répartis sur quatre océans. La France, « le pays où le soleil ne se couche jamais », doit développer une flotte de surface polyvalente, capable d’assurer la sécurité et la souveraineté dans ses départements et régions d’outre-mer et collectivités d’outre-mer (DROM-COM). Elle doit être en mesure de faire respecter les accords internationaux sur la pêche et la navigation ou sur l’exploitation des fonds marins en haute mer tout en renforçant les moyens alloués aux garde-côtes dans la lutte contre les trafics en tout genre et la piraterie moderne.

Au regard de la situation internationale actuelle et compte tenu de la paupérisation de nos forces armées conventionnelles, la dissuasion nucléaire française doit être maintenue (dans le cadre des négociations au sein de l’ONU) à un niveau suffisamment opérationnel pour rester crédible et assurer nos libertés de choix et la sécurité du territoire national exclusivement. La dissuasion nucléaire doit à nouveau, comme l’ensemble de la Défense Nationale, revenir au principe de défense tous azimuts et, de ce fait, privilégier la Force océanique stratégique sous-marine . Concernant la composante nucléaire de l’armée de l’air, celle-ci pré-désigne de facto un ennemi. Son efficacité mériterait inventaire. Aussi, il serait envisageable d’en faire l’économie voir de la supprimer.

En outre, une réflexion doit être engagée concernant la construction d’un nouveau porte-avions nucléaire (PAN). Arme de projection des forces performant certes mais particulièrement onéreux et militairement vulnérable, il ne se justifie à l’heure actuelle que dans le cadre du Traité de l’Alliance Atlantique Nord. Le PAN Charles de Gaulle transformé en « supplétif américain » est un non-sens historique. Aussi, l’annonce de réaliser pour 2038 un nouveau porte avion à propulsion nucléaire (PAN2), revient a priver notre Marine nationale de moyens (navires) supplémentaires, essentiels à l’accomplissement de ses missions de défense, de sécurité et de souveraineté. Surtout si on veut un budget contenu (2 % du PIB), laissant des marges suffisantes pour financer d’autres domaines comme les secteurs publics de la santé ou de l’éducation avec l’amélioration des services publics. Ce triptyque détermine et conditionne le niveau d’efficacité économique et social de notre pays. (Le détournement des finances publics et in fine de la Sécurité sociale vers la rentabilité des entreprises (140 milliards d’euros par an, plus que l’Éducation et la Défense réunis) a grandement affaibli l’économie française et suscite des millions de suppressions d’emplois, un chômage structurel, au profit des délocalisations par ces mêmes groupes bénéficiaires de l’argent public.)

Dans le domaine militaire, la France doit se doter d’une force conventionnelle dissuasive qui ne soit pas destinée exclusivement aux opérations extérieures, voir à des ennemis et territoires prédéterminés. Cette force conventionnelle doit avoir pour objectif la défense de ses territoires, des intérêts économiques du pays et de ses ressortissants à travers le monde avec des moyens adaptés a ces objectifs et susceptibles, le cas échéant, de bénéficier d’un large soutien populaire dans sa composition.

Une réflexion citoyenne doit être engagée sur la nécessaire réforme de nos forces armées vers une Armée mixte, renforçant le lien Armée-Nation entre autres et garant de notre démocratie. Projet qui ne correspond en rien avec celui du gouvernement et du Président Macron qui tente de dévoyer l’éducation nationale en transformant les enseignants en « sergents recruteurs » au profit de l’armée professionnelle par le biais du Service National Universel.

« La Défense est l’affaire de tous les citoyens », d’autant que la professionnalisation des forces Armées a conduit a l’inflation exponentielle des budgets militaires et à la sophistication sans fin de ses armements. Pour le plus grand bénéfice des groupes financiers et industriels dont les premiers sont les groupes états-uniens, faut-il le rappeler.

Dans le domaine industriel en général et dans les secteurs de l’armement et des équipements militaires plus particulièrement, la France doit être indépendante en regroupant ces secteurs au sein d’un « Pôle Public Industriel » (PPI). Les investissements consentis par la nation dans ce PPI ne seront pas destinés à asseoir la rentabilité des capitaux des industriels ni à assurer les dividendes de leurs dirigeants. Les investissements consentis et les avancées technologiques réalisées doivent être partagées par ces groupes vers et pour des productions civiles utiles, voir leurs propres reconversions. Cela permettrait certainement d’éviter comme les récents fiascos du Président Macron avec Naval Groupe, dont les Américains ont détourné les commandes de sous-marins destinés à l’Australie pour 37 milliards de dollars, et le refus (bien venu) de l’Union Européenne, sous l’oukase de l’Allemagne, de la fusion de Fincantieri (Italie) avec Naval Groupe (France) qui conduit notre pays a ne plus être en capacité de produire des navires.

L’OTAN n’existe que par la domination politique, économique et technologique des États-Unis, consentie par ses membres, dont les trois derniers présidents français ont participé à réintégrer les commandements et les structures aux standards que seuls les États-uniens autorisent. L’OTAN n’est plus de circonstance depuis la dissolution en 1991 du Pacte de Varsovie. Trente années plus tard, la France est entraînée dans les intérêts géopolitiques quasi-exclusifs des USA.

L’actualité le démontre, l’OTAN est un traité qui n’est pas réformable en l’état. La guerre en Ukraine confirme qu’il est temps d’œuvrer à une sécurité collective consentie et partagée en Europe avec les BRICS (groupe de cinq pays qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), par l’action concertée au sein de l’ONU.

Cette domination de l’OTAN connaît depuis les présidences Sarkozy-Hollande-Macron une forte accélération, mettant en jeu notre souveraineté industrielle et technologique (GAFA, NSA, MICROSOFT, GPS, etc.).

Nous ne sommes pas les seuls en France à nous en inquiéter. Les concepts états-uniens de concurrence, même avec l’Europe, transforment de facto celle-ci d’allié des années 40, a celle de vassale du XXIᵉ siècle, ainsi que le dénoncent maints partisans de la souveraineté.

En outre, la désignation de la Chine comme ennemie potentiel de l’OTAN et de l’AUKUS (Accord de coopération militaire tripartite entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie), montre le refus des Américains du multilatéralisme mondial et la poursuite de ses ambitions impérialistes militaires, activant les tensions à Taïwan et en Corée.

« La Paix par la Force », tel est le nouveau concept du gouvernement américain qui œuvre pour une mondialisation dans l’exploitation destructrice de la nature et des hommes. Ce concept majoritairement rejeté par l’opinion publique et une majorité des pays au sein de l’ONU révèle toute sa nocivité pour l’Humanité.

Dans ces conditions, la perspective communiste de construction d’une société des « jours heureux » vient frontalement en opposition avec l’approche messianique des puissances impérialistes, qui seraient pour certains le dernier rempart face aux crises de société, aux menaces financières et guerrières et à la société de solidarité et de fraternité que nous aurions l’outrecuidance de vouloir construire.

Ce projet peut être un immense espoir en Europe, comme pour tous les peuples des continents qui n’aspirent à l’Ouest comme à l’Est au Sud comme en Asie qu’au bien-être et à vivre dignement. Ces aspirations n’en sont que plus dangereuse pour l’ultralibéralisme financier et économique, pour leur leader mondial, les États-Unis d’Amérique qui s’emploient sans cesse a suscité et organiser les conflits à travers sa sphère d’influence soit par la force du dollar soit par la force militaire.

Aussi La France a toutes les raisons éthiques, économiques et politique de s’éloigner et de rompre au plus vite de l’Organisation militaire de l’OTAN en Europe comme dans l’outre-mer. Créer les conditions pour mettre en place un processus de notre sortie, comme en 1966, de l’OTAN par un refus systématique, comme ce fut le cas en 2003 avec la guerre contre l’Irak. Refuser toutes les prétentions américaines de faire prévaloir leurs lois sur celle des nations (extra-judiciarisions). Refuser la prétention étasunienne d’avoir un droit de regard sur nos activités industrielles à l’exportation et à la circulation des personnes dans le monde.

Pour cela, nous ne sommes pas seuls. Nous devons dynamiser et soutenir la francophonie qui est une richesse pour notre pays, reléguant la France-Afrique a son passé colonial désavoué par l’histoire, au profit d’échanges et intérêts commun partagés.

Cosignataires :

Jean-Charles Schmidt, Franconville, 95 ; Paul Huttl, Arsenal Toulon, 83 ; Marc Dorel, Thales-Grenoble, 38 ; Christophe Monty, 45 ; Maurice Pytkiewicz, 75018 ; Jean-Jacques Desvignes, Aero 92 ; Christophe Maillot, 93 ; Yvan Lavallée, Arcachon, 33 ; Michel Camatte, Syndicaliste National Défense, 83.

Références

Stéphanie Gwizdak (hales La Defense, 92),« 413 Milliards, pour quoi faire ? », Économie&Politique, n° 822-824 (janvier-février 2023), https://www.economie-et-politique.org/2023/03/16/loi-de-programmation-militaire-413-milliards-pour-quoi-faire/ ;  Emmanuel Macron, Transformer nos armées : le président de la République présente le nouveau projet de loi de programmation militaire., Mont-de-Marsan, 20 janvier 2023, https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/01/20/transformer-nos-armees-le-president-de-la-republique-presente-le-nouveau-proje