
On trouvera ci-après de larges extraits d’une intervention du cabinet CIDECOS à destination de la fédération CGT de la Chimie, que nous remercions vivement de nous avoir autorisés à reproduire. Cette étude d’un secteur industriel met en évidence combien l’interaction entre filières techniques, implantations géographiques, infrastructures et services publics structurent l’économie nationale et les territoires. Les enjeux actuels des industries chimiques sont particulièrement révélateurs de ce que deviennent les traits caractéristiques du capitalisme monopoliste d’État – dévalorisation de capital public pour remonter la rentabilité des grands groupes et, de plus en plus, subventions directes – dans la crise telle qu’elle se développe aujourd’hui.
Alors que le patronat travaille constamment à mettre en concurrence les salariés dans l’intérêt des actionnaires, il est important de rappeler l’interdépendance existante dans l’industrie.
Qu’elles soient sur une même plateforme, travaillent sur un même type de produit et/ou dépendent des mêmes infrastructures, les industries chimiques sont reliées entre elles et fortement interdépendantes.
Alors que les directions réclament des aides sans conditions et agissent selon les opportunités, il est crucial de développer une vision long terme pour le secteur.
Interdépendance des industries chimiques : des filières articulées autour d’un produit et de ses sous-produits
Les industries sont des entités très interdépendantes les unes des autres et cette analyse est encore plus vraie pour la Chimie.
Dans ce secteur, les filières vont se construire autour d’une matière première puis se structurer au fil de l’histoire et des découvertes scientifiques sur ses usages, et sur les usages de ses sous-produits.
Une approche historique nous montre d’ailleurs que là où nous avons aujourd’hui des dizaines d’entreprises différentes, nous avions souvent au départ des géants industriels qui, partant d’un produit, allaient développer de nouvelles entités afin d’en utiliser les sous-produits.
Penser le raffinage et la pétrochimie comme une pièce majeure du schéma industriel des territoires
La chimie consomme environ 15 % de la production de pétrole et un peu moins de 10 % de la production de gaz au niveau mondial. Comme les productions de la chimie entrent dans la conception de très nombreux produits industriels et de consommation courante, elle croît de manière régulière. Sa demande est aussi tirée, par exemple, par tout le domaine des énergies renouvelables (solaire, éolien) et de l’électrification des transports (batteries, hydrogène…) ou encore la santé.
La chimie est donc en perpétuelle évolution et chaque filière repose sur un équilibre complexe entre le produit de base (pétrole, gaz, soufre, biomasse…), les volumes de co-produits générés et les usages dans la société des différents produits finaux.
Cet équilibre est difficile à appréhender et il est peu connu du grand public ou des politiques. Il est en effet rare d’entendre quelqu’un s’inquiéter de notre capacité future à produire des médicaments si nous sortons totalement du pétrole.
Interdépendance des industries chimiques : des filières articulées autour d’un produit et de ses sous-produits
Si nous restons sur l’exemple du pétrole nous avons donc un produit qui a premièrement été utilisé comme carburant/source d’énergie. Or lors de son raffinage pour produire ces carburants, ceux-ci ne représentent qu’environ les deux tiers de la production. Que faire du tiers restant pour répondre aux besoins ? Et, pour le patron, comment extraire encore plus de profit à travers ce tiers restant ?
C’est pour trouver des usages à ces sous-produits que se sont développées de nombreuses filières des industries chimiques dont les ramifications s’étendent et se recoupent.
Interdépendance des industries chimiques : le nécessaire partage des infrastructures
À cette dépendance logique liée au fait de se trouver sur les déclinaisons d’un même produit viennent s’ajouter d’autres relations entre les différentes industries chimiques. Le regroupement en plateforme, en bassin, en vallée… est source d’avantages stratégiques, économiques et opérationnels.
Ces regroupements sont souvent issus de décennies d’histoire où la zone industrielle s’est structurée autour d’une matière première, d’une énergie et/ou de flux sur lesquels sont venues se greffer des activités capables de raffiner, d’utiliser les sous-produits des premiers installés, de valoriser l’énergie et les utilités issues du process…
Ces synergies industrielles amènent à la création d’infrastructures communes (accès au fer, centre de R&D, pipeline, réseau de chaleur, services partagés de type GIE …) qui bénéficient à l’ensemble, le renforcent et donnent à chaque entité l’avantage d’une intégration industrielle ou d’une mutualisation de moyens.
(…)
Cette interdépendance implique aussi un affaiblissement lorsqu’une des entités est restructurée voire est fermée
Car ces mutualisations d’infrastructures, l’utilisation des sous-produits de l’un comme base à la production de l’autre, le partage des infrastructures de R&D… sont des éléments évidemment positifs mais qui créent également une dépendance forte entre les entreprises.
Et donc en cas de départs (ou même de difficultés opérationnelles, économiques, sociales…) d’un ou plusieurs intégrants, ces avantages se réduisent, voire peuvent devenir :
- des infrastructures et des services disproportionnés dont les coûts se répartissent moins bien et qui ne peuvent pas forcément être adaptés à des besoins réduits (difficile de réduire la taille d’un pipeline ou d’une chaudière).
- des sous-produits qui ne se valorisent plus aussi bien et qui (re-)deviennent un coût pour l’entreprise productrice.
- une capacité à investir (dans la modernisation, la R&D…) réduite au risque de prendre du retard dans ces domaines.
- des sujets de négociations commerciales, parfois très tendues, à travers lesquelles les enjeux individuels (au sens de chaque entreprise) de profitabilité peuvent mettre à mal l’intérêt commun (et normalement supérieur) lié à l’interdépendance et aux intégrations croisées.
- etc.
Chaque crise économique nous rappelle, de manière violente, que ces équilibres, ces interdépendances qui existent au niveau d’une plateforme se retrouvent également au niveau de l’ensemble de l’industrie voire de l’économie.
Au moins 18 plateformes structurantes identifiées…
Malgré la désindustrialisation qui a eu lieu, le territoire français est encore couvert par des plateformes et de nombreux sites industriels de raffinage, pétrochimie, chimie et chimie fine importants.
Autour d’eux ou dans une proche région, se maintiennent ou même se développent des industries en aval.
Les industries chimiques, mais aussi du raffinage, de la pharmacie en particulier sont aussi celles où les travailleurs ont un statut salarié élevé. Ainsi, toute attaque contre l’emploi dans ces industries correspond à une dégradation du statut des travailleurs.
Mais aussi un tissu industriel bien plus large
Un tissu encore très dense de plus petits sites en Chimie fine pour la pharma, la cosmétique et l’industrie
Les filières des carburants et de la chimie sont maintenant en lien avec les filières agroalimentaires via le raffinage d’huiles végétales et/ou le prétraitement de graisses animales.
Sortir des visions financières à court-terme
Sur ces sujets il est donc essentiel pour les militants d’élargir le champ de vision au niveau des interdépendances et des communautés de travail et de destin entre les travailleurs : d’avoir une vision économique et industrielle dépassant la société ou le site d’appartenance.
Nous sommes aujourd’hui essentiellement confrontés à des visions financières et bien trop court-termistes :
Dans ce cadre, nos industries et leurs infrastructures souffrent le plus souvent d’un sous-entretien et d’un sous-investissement (même lorsque les résultats sont records comme en 2021 et 2022) et les investissements d’ampleur ne se font que lorsque l’argent public alimente massivement le projet ou que le retour économique est rapide.
De plus, les industriels ont tendance à s’orienter vers les productions de spécialités à forte marge en délaissant des troncs et branches essentiels. On ne peut pas tout produire sur un même territoire mais il faut avoir conscience des grands équilibres qui composent les filières.
Les infrastructures communes en recherche, formation, etc. souffrent aussi du manque d’engagement sur le bien commun.
Cette vision capitaliste à court terme n’est aujourd’hui compensée ; ni par l’État Français qui distribue les subventions sans conditions ; ni par l’UE qui applique des protections douanières en fonction du lobbying des filières plus qu’en fonction des intérêts régionaux.
Le contrecoup du coût du capital est la désindustrialisation
Les politiques actuelles portent le discours de la réindustrialisation regrettant donc la désindustrialisation et la mise en difficulté des territoires pour répondre aux besoins immédiats ou à venir des populations.
On aura en tête par exemple,
- les crises d’approvisionnement en médicaments faute de matières actives disponibles, celles-ci ayant été délocalisées massivement en Asie.
- les crises d’approvisionnement en composants électroniques qu’on ne produit pratiquement plus en Europe.
- le déficit commercial creusé par l’importation de panneaux solaires alors que l’Europe a été pionnière dans cette industrie il y a vingt ans et qu’elle est aujourd’hui exsangue.
- notre dépendance aux engrais azotés de piètre qualité et à bas coût mettant à mal notre indépendance agricole.
- etc.
Autant d’éléments exacerbés par les tensions géopolitiques et militaires, les effets de la pandémie mondiale et du dérèglement climatique, les coûts et l’accès à l’énergie… et le coût que fait porter le capital sur l’économie.
La crise de l’industrie européenne, c’est la faute des autres ! Sauf que …
Les crises du capitalisme se répètent (de plus en plus régulièrement) et sont aussi répétitives dans l’explication qui leur est donné. Celle-ci n’est jamais attribuée au système économique, au mode de gestion des moyens de productions ou encore à la répartition et à l’usage de la richesse produite.
Ces crises se répercutent in-fine sur les travailleurs.
Les explications des crises mettent toujours en avant des éléments exceptionnels ou des éléments extérieurs qui fausseraient le bon fonctionnement de l’économie de marché. En ce moment la faute est à la Russie qui envahit l’Ukraine début 2022 et/ou aux Chinois ou Américains qui exportent trop de produits chez nous.
Sont particulièrement cités pour expliquer la morosité économique de 2024 :
- d’un côté la hausse des prix et notamment ceux de l’énergie. Ces hausses, en minant le pouvoir d’achat et en augmentant les coûts, font baisser la demande (et surtout la rentabilité).
- de l’autre, la concurrence chinoise ou nord-américaine. Celle-ci est agressive, dotée de capacités intégrées et progresse très rapidement en termes de gammes, de qualité et de technologie.
Mais ces éléments, qui ne sont pas apparus en 2024, sont également loin d’expliquer les racines de la mauvaise conjoncture économique. Les groupes ne se plaignaient d’ailleurs pas de l’inflation de 2021 à 2023, années pendant lesquelles ils ont réalisé des profits records en Europe. Idem, si la Chine est présentée comme un grand danger pour notre industrie, les investissements étrangers en Chine ont été colossaux. De même aux États-Unis et encore plus avec le plan Biden (IRA).
Ces arguments posent donc question et comportent des contradictions.
D’abord, la guerre en Ukraine ne prive que partiellement l’Europe du gaz et du pétrole russe et il est désormais établi que l’essentiel des hausses du prix de l’énergie sont en lien avec des actions spéculatives et un fonctionnement spéculatif des marchés dérégulés.
Sur la hausse générale des prix, les grands industriels ont plus que répercuté les hausses de coûts et ont largement alimenté la spirale inflationniste (les résultats records de 2021, 2022 et pour certains de 2023 ne sortent pas de nulle part).
Enfin, cette redoutable et agressive « concurrence chinoise » n’est pas tant chinoise qu’internationale. Une partie des productions chinoises sont détenues par les mêmes groupes qui s’en plaignent aujourd’hui en Europe.
Quand les groupes ferment les capacités européennes rentables, elles n’atteignent pas le niveau attendu de rentabilité ; comment s’étonner ensuite que les importations se développent ? Comment s’étonner que de nouveaux acteurs finissent par attaquer les segments de marchés (souvent les produits de spécialités) qu’ils souhaitaient conserver ?
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Encadré : évoquer « la Chine » pour justifier les restructurations en Europe alors qu’ADISSEO y investit massivement, le cas Méthionine de Commentry (Allier)
Loin d’être dans une logique défensive, Adisseo se projette sur des accroissements de capacités sur un marché de la nutrition animale porteur au niveau mondial et en particulier pour son principal produit : la méthionine.
Adisseo a massivement investi en capacités en Chine et envisage, y compris après la fermeture de l’atelier méthionine de Commentry, d’importants investissements de capacité à l’étranger (encore en Chine mais également en Arabie Saoudite) mais aussi sur le site de Roussillon (Isère).
Le site de Commentry fait donc les frais non pas d’une stratégie de sauvegarde de la compétitivité mais bien de la volonté d’accroissement de la rentabilité du groupe. Même si le site de Commentry a été rentable, voire très rentable, ces dernières années avec notamment les résultats de la vitamine A et de la Smartamine (méthionine enrobée pour les bovins), il doit faire les frais de la stratégie financière d’Adisseo et de son actionnaire principal, gourmand en dividendes et qui n’est autre que SINOCHEM, le groupe d’Etat chinois devenu le premier industriel de la chimie mondiale (devant BASF).
Adisseo avance de nombreuses idées pour faire de Commentry un site tourné vers les spécialités. Le problème : on arrête une activité majeure et structurante sans avoir de projet dans l’immédiat.
Outre le maintien des activités, les travailleurs luttent afin de maintenir le site en capacité d’accueillir de nouvelles activités. Dans ce sens, ils s’opposent catégoriquement à la logique qui voudrait que tous les coûts directs et indirects affectés à l’atelier méthionine soient « effacés » !
Dans le cas des arrêts d’ateliers, les emplois maintenus sont les qualifications et compétences nécessaires à la redynamisation du site et donc à son avenir. Le site rentre sinon dans une spirale infernale qui conduit à sa perte.
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Subventions, aides et réglementations ne font pas une politique industrielle
Quelle politique industrielle ?
Il serait faux de notre point de vue de dire qu’il n’y a pas de politique industrielle publique. Celle-ci est guidée par « l’accompagnement » et la doctrine de politique d’assistance au capital (ce qu’on appelle la « politique de l’offre »).
Les aides et subventions aux entreprises sont de plus en plus importantes : le rapport pour l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) réalisé en 2022 par des chercheurs de l’université de Lille évalue à 157 milliards d’euros le montant global des aides publiques aux entreprises en 2019. Le ministère du Budget évoque un montant de l’ordre de 140 milliards d’euros d’aides d’État en 2018 (en majorité des subventions). Une récente note de la Cour des comptes (juillet 2023) évalue à 92,4 milliards d’euros le coût des aides de l’État aux entreprises pour faire face aux crises de 2020 et 2022. Le document estime à 260,4 milliards d’euros le soutien financier total (y compris les prêts garantis et report du paiement des cotisations sociales), soit 10 % du PIB. Etle bilan de ces mesures est jugé « contrasté ».
Des évaluations sont parfois menées :
- pour le crédit d’impôt CICE (transformé en exonération de cotisations patronales), dispositif fiscal en vigueur de 2013 à 2018 évalué par France Stratégie, son effet sur l’investissement est jugé « non significatif ».
- pour les prêts garantis par l’État : en 2022, la Cour des comptes constate « la réussite indéniable » du dispositif. 700 000 entreprises en ont bénéficié à hauteur de 140 milliards d’euros. La Cour critique toutefois l’absence de contrôle des engagements pris par les grandes sociétés (rapport « Les prêts garantis par l’État »).
Parmi les critiques le plus souvent lues :
- les aides ont un effet d’accoutumance, les entreprises considérant ces aides comme une rentrée courante de trésorerie et non comme des éléments exceptionnels ;
- le dispositif de chômage partiel a été « dévoyé » en bénéficiant aux entreprises du CAC 40 qui ont continué à verser des dividendes à leurs actionnaires ;
- les plus grandes sociétés bénéficient plus que les autres des exonérations d’impôts ;
- les subventions directes sont versées sans garde-fous ni contrôle a posteriori, tracer leur utilisation est impossible, les entreprises les reversant dans leurs ressources globales.
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Le patronat de la Chimie demande plus d’aides publiques et moins d’impôts
France Chimie, l’organisation patronale du secteur, demande à l’État de « préserver les atouts de compétitivité de la chimie en France » notamment en maintenant « des coûts de l’électricité compétitifs et stables » et de réduire l’imposition en « poursuivant les efforts sur la fiscalité ».
Sur l’énergie, France Chimie veut peser dans les négociations en cours entre EDF et les grandes entreprises en recommandant de :
- garantir la compétitivité à long terme de l’énergie
- faciliter les engagements contractuels sur le long terme des énergo-intensifs et accompagner au mieux les négociations en cours entre EDF et les acteurs énergo-intensifs
- soutenir l’accès à long terme aux ressources décarbonées (biomasse, CSR, …)
Des négociations qui ont lieu alors que le mécanisme ARENH est sous le feu de plusieurs scandales, ses bénéficiaires l’ayant souvent détourné pour spéculer sur l’énergie ou ont revendu leurs volumes à EDF avec d’importants profits lors des pénuries hivernales.
Sur la fiscalité, le rapport reconnait que son poids s’est allégé mais appelle à continuer encore dans cette direction en préconisant de :
- favoriser la compétitivité fiscale en particulier pour les acteurs en difficulté
- réaliser des baisses ciblées renforcées des impôts de production
- redéployer les allégements de charges sur les 2,5-3,5 SMIC
- déployer des dispositions fiscales améliorées pour les plateformes
C’est donc un double effort qui est demandé : continuer de fournir une énergie à bas coût aux industries et réduire l’imposition des entreprises ainsi que les cotisations sociales (le salaire). Des demandes classiques du patronat, qui ne l’empêchent pas d’également demander d’importantes aides publiques pour faire de la R&D, pour décarboner, pour investir etc.
Malgré ses demandes fiscales et énergétiques, le secteur demande tout de même à l’État de « financer la modernisation, la transition et l’innovation des acteurs dont les marges de manœuvre sont plus réduites aujourd’hui en Europe ».
Soit en clair : « les marges ne sont pas assez élevées, donc si vous voulez de la modernisation ou du verdissement il faudra le financer avec de l’argent public ».
Sans surprise, les dispositifs les moins contraignants et les plus décriés sont mis en avant : « continuer les soutiens performants : crédit d’impôt Recherche (CIR : environ 3,5 milliards d’euros/an) et Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE : entre 11 et 20 milliards d’euros/an) ».
Sans conditions, ces programmes chiffrant à plusieurs dizaines de milliards ont notamment été versés à des multinationales supprimant des emplois alors qu’elles réalisaient des bénéfices (malgré le E pour Emploi de CICE).
Le CIR a par exemple largement alimenté les caisses de Sanofi (150 millions d’euros de crédit d’impôt recherche (CIR) par an) qui a pourtant licencié plusieurs centaines de chercheurs (malgré le R de Recherche dans CIR).
Le discours tenu par la corporation montre que la générosité étatique en particulier post-Covid a été appréciée et que les grandes entreprises voudraient voir l’expérience se renouveler. Les consultants de France Chimie parlent de « Développer un plan de modernisation dans la lignée de France Relance »(dont le budget était de 100 milliards d’euros) et qui ne viendrait pas remplacer mais bien s’ajouter aux plans existants « (en complément de France 2030 et son budget de 54 milliards d’euros) pour soutenir la modernisation ».
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Les industries chimiques devraient être pensées globalement, au long terme et de manière à répondre aux besoins de la société
Loin d’une vision niveau « groupe » et des objectifs purement financier des multinationales, la gestion des industries et du secteur de la chimie devrait être pensée et gérée de manière à répondre aux besoins humains. Une gestion sociale de ces moyens de productions qui prendrait en compte l’impact sur les travailleurs et l’environnement et qui s’adapteraient aux besoins de la société.
Dans le contexte actuel, l’État et l’UE doivent agir pour stopper la vague de fermeture en cours. Or nos actuels gouvernants agissent selon les demandes des industriels et les demandes de ceux-ci ne solutionnent aucunement le problème de fond.
Des aides, même importantes, ne compenseront que temporairement la gestion opportuniste du patronat. Sur un marché développé et mature comme l’est le marché européen seuls quelques secteurs nouveaux et à forte marge peuvent correspondre aux exigences de rentabilité des groupes.
Idem, le déploiement de protections douanières dictées ou non par les différents acteurs industriels n’est pas efficace. La survie de capacités de production régionale ne peut dépendre des calculs de groupes implantés à la fois en Chine et en Europe.
Il est donc nécessaire de développer des approches alternatives et de mettre sous pression l’État pour que celui-ci cesse de laisser faire. Il doit enfin conditionner les milliards d’aides distribués, travailler à protéger les actifs existants et ensuite redévelopper des productions nationales ou régionales garantissant notre autonomie.
« Avant de parler de relocalisation, il faudrait arrêter de délocaliser ».
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