Les dossiers d’Économie&Politique – Crise du capitalisme, par où la sortie ?

Notre revue s’est attachée à montrer, dans de précédents numéros, que la pandémie n’est pas la cause de la situation économique invraisemblable qui s’est installée depuis un an : elle n’a fait que précipiter l’éclatement de contradictions dont bien des signes montraient, dès 2019, qu’elles arrivaient à maturité. Dans ce dossier, nous nous attachons à explorer les voies qui peuvent être imaginées pour sortir d’une situation où il devient de plus en plus évident, pour un nombre accru de nos concitoyens, que notre civilisation capitaliste et libérale est arrivée à un point où les choses ne peuvent plus continuer comme avant : c’est-à-dire une crise, au sens exact du terme.

Une crise que l’on peut caractériser précisément comme l’obstacle que le système économique capitaliste et le système anthroponomique libéral opposent aux efforts de l’humanité pour construire son avenir face à la révolution technologique informationnelle et aux autres grands bouleversements que la propre dynamique de ces systèmes a elle-même déclenchés : révolution écologique, révolution démographique, révolution monétaire…

Il est trop tôt pour juger si un « nouveau paradigme » se dessine, mais surtout, que faudrait-il entendre par-là ? Certains rêvent déjà d’un nouvel essor de l’accumulation du capital qui naîtrait de la« destruction créatrice »  opérée par la pandémie. Pour l’instant la reprise conjoncturelle de 2021 n’a pas effacé les dégâts de 2020,  d’autant que les espoirs soulevés par les progrès de la vaccination dans les pays développés ne doivent pas faire perdre de vue que nous sommes loin d’être sortis de la pandémie.

Ce qui est certain, c’est que le ton est donné par la vigueur que Joe Biden a voulu donner à ses premières annonces. Mais, au-delà des politiques économiques, la crise conduit à s’interroger sur les ressorts profonds de notre économie et de notre société. Que devient le travail, que devient l’entreprise dans une mondialisation financière organisée par et pour les multinationales, et en crise pourtant ? Un « capitalisme vert » est-il possible ? Pourquoi est-il erroné de parler d’un « retour de l’État », et surtout, pourquoi l’action de l’État, si efficace au milieu du XXe siècle, apparaît-elle aujourd’hui impuissante, malgré les milliers de milliards créés par les banques centrales, à donner un nouveau souffle à l’accumulation du capital ?

À ces questions, les communistes donnent comme réponse le projet d’une abolition du capitalisme, jusqu’à son dépassement. Cette réponse s’impose du point de vue de la justice sociale et du point de vue de la lutte contre la montée des inégalités causée par le néolibéralisme qui a présidé à la mondialisation financière. Elle conduit, si on la prend dans toutes ses dimensions économiques, à dépasser les quatre marchés repérés par Marx dans les structures du système capitalisme : dépassement du marché du travail avec la construction d’un système de sécurité de l’emploi et de la formation ; dépassement du marché des produits avec la mise en œuvre de nouveaux critères de gestion et l’essor de nouveaux services publics ; dépassement du marché de l’argent avec une nouvelle orientation du crédit bancaire ; dépassement du marché mondial, dans une nouvelle mondialisation, avec une monnaie commune mondiale.

Il ne s’agit là que des aspects économiques de ce qu’on a pu caractériser comme un processus de transition socialiste vers le communisme. Mais ces aspects économiques sont tous liés de quelque façon à tous les moments de la vie des êtres humains : dans la famille et à l’école, au travail, dans la cité, dans tous les aspects de la vie de l’esprit, des arts et de la culture. C’est en cela que l’économie est  profondément politique.

La tâche est vaste, ce dossier en annonce d’autres qui viseront à approfondir notre appréhension de ces relations, afin d’être utile aux résistances et aux rassemblements pour une alternative révolutionnaire à la crise du capitalisme financiarisé et mondialisé.