La « dette »… ou des avances pour se développer ?

Plutôt que de parler de dette, il faut parler « d’avances »… pour se développer ou pour nourrir les marchés financiers ?

Dans ce conditions, on voit qu’il en faudra plus, plus longtemps et tout autrement, vu la situation du pays, les exigences sociales, écologiques et économiques.

C’est-à-dire

  • avec de tout autres conditions
    • pas sur les marchés financiers
    • à taux zéro pour l’ensemble, (actuellement seulement 10 % du stock de dette est à 0 %, on paie 30 milliards d’euros par an de charges d’intérêt)
  • finançant de tout autres dépenses,
    • tout particulièrement l’emploi et la revalorisation salariale dans tous les services publics,
    • une véritable transition sociale et écologique dans les entreprises, au lieu des aides à la baisse du coût du travail (CICE, exonérations de charges, aides aux profits, etc.) qui financent les délocalisations et suppressions d’emploi.

Pour appliquer le programme « Les jours heureux », créer la Sécu et reconstruire le pays, l’État a enregistré un déficit de 1946 à 1951. Ces avances ont permis l’élan de développement.

En soi, le niveau de la dette publique ne pose pas problème, si il permet de se développer, de développer le potentiel de croissance, et donc « d’avaler » la dette par la croissance dans les années qui viennent[1]. Ceci surtout pour un pays développé comme la France situé en outre au cœur de la zone euro. Le problème ce sont ses conditions, son coût et son utilisation.

Ses conditions sont celles des marchés financiers. L’État s’endette auprès d’eux (BlackRock, BNP-Paribas, Axa, etc.). Les marchés imposent donc leurs conditions anti-sociales (contre-réformes des retraites, du chômage, baisse des dépenses publiques, etc.). Ils peuvent spéculer sur la dette et accroître son coût. Ils pourraient contrer les tentatives sociales d’un gouvernement de gauche.

Son coût est élevé : l’État français paie sur tout le stock de dette quelque 30  milliards d’euros de charges d’intérêts par an. Soit un budget de l’enseignement du second degré ! 

Son utilisation n’est pas dirigée vers le développement des services publics, de l’emploi, de la formation, ni vers une transformation écologique de la production. L’État continue à fermer des lits et des classes. L’austérité est là ! Cela rétrécit la base de remboursement de la dette, spirale mortifère. Pour les entreprises, 100 milliards d’euros vont aux aides aux profits et à la baisse du coût salarial, d’après la cour des comptes (200 milliards d’euros, d’après la CGT)

Résorber la dette ? Plutôt la sortir des mains des marchés financiers. La considérer comme des avances massives pour l’emploi, la formation, la recherche et pour engager une réelle transformation productive. Une refonte de la fiscalité n’y suffira pas. Il faudra plus d’avances, plus longtemps mais tout autrement !

Nous proposons de créer en France un Fonds pour les services publics, financé à 0 % par un pôle public bancaire français issu de nouvelles nationalisations. Ce Fonds géré démocratiquement financerait à 0 % les services publics, priorisant l’emploi et la formation. Le pôle public bancaire français qui abonderait ce Fonds doit être refinancé par la BCE à taux négatif, ou 0 %. Le traité de Lisbonne autorise cela (article 123.2). Une bataille sociale et politique, européenne, internationale, devra obtenir que la BCE finance ce Fonds et que par généralisation soit créé un Fonds européen pour les services publics. Tous les peuples d’Europe ont besoin qu’on développe les services publics.


[1] 6 % de croissance du PIB pendant 6 ans = +40 %, soit environ 1 000 milliards d’euros de PIB supplémentaires…