Pour augmenter les salaires, s’attaquer au coût du capital

On ne peut plus vivre, en France, avec des salaires aussi bas. Mais il ne faut pas seulement parler d’une augmentation des salaires, il faut l’obtenir !

Porter le SMIC à 1 800 euros bruts relève d’une décision gouvernementale. Il faut aussi revaloriser les pensions et les minima sociaux. Mais c’est aux patrons que d’autres décisions doivent être imposées : la hausse doit se répercuter sur tous les bas salaires et, au-delà, à tous les niveaux de qualification. Porter les salaires des femmes au niveau de ceux des hommes est un objectif qui ne peut plus attendre.

Déjà, le patronat renâcle. Le président du MEDEF avertit gravement : « si les salaires augmentent, les prix vont augmenter ».

De fait, pour que la hausse des salaires soit réelle et durable, il ne faut pas que l’inflation nous retire ce que nous aurons arraché. Il faut donc créer plus de richesses, de façon économiquement et écologiquement efficace. Or, des atteintes graves sont portées tous les jours à notre industrie, à nos services, à nos services publics. Les besoins de formation non satisfaits sont criants. Et le premier scandale, c’est que des millions de personnes sont privées d’un emploi créateur de richesses.  

Leur permettre d’y accéder est donc la première priorité, et c’est le seul moyen d’augmenter le niveau de vie de millions de chômeurs et de titulaires d’emplois précaires ou à temps partiel contraint, car c’est la mauvaise qualité des emplois qui fait les bas salaires.

La deuxième priorité est une nouvelle liberté, pour chacune et chacun, de pouvoir se former dans la sécurité d’un revenu tenant compte de sa qualification. Avec un développement inédit des services publics, c’est la condition d’une économie efficace.

Pour pouvoir dépenser davantage en salaires, en cotisations sociales et en prélèvements fiscaux pour les services publics, il faudra faire des économies sur autre chose : les coûts du capital. Cela veut dire moins de profits distribués aux actionnaires, et surtout moins d’exigences de profits, c’est-à-dire moins de capital matériel et financier à rentabiliser : c’est une tout autre logique économique et écologique que celle de la rentabilité capitaliste.

Des outils de politique économique peuvent y contribuer : moduler l’impôt sur les sociétés et les cotisations sociales patronales en fonction de la politique d’emploi et de salaires des entreprises ; instaurer un prélèvement sur leurs revenus financiers pour les dissuader de dilapider leurs profits dans des placements financiers. Réserver aux entreprises qui sécurisent l’emploi et la formation les crédits refinancés à taux négatif par la BCE et les assortir, pour les PME-TPE, de bonifications réduisant fortement le coût de leur capital.

Mais cela ne sera possible que si toute la société s’en mêle : c’est à quoi doivent servir des conférences régionales pour l’emploi, la formation et la transformation productive et écologique réunissant toutes les forces vives du pays pour définir, dans une cohérence démocratique jusqu’à l’échelon national et jusqu’aux coopérations européennes et internationales, des objectifs précis, impératifs pour les entreprises et les banques, de créations d’emplois, de formation, de développement écologique des territoires.

Conquérir des pouvoirs sur l’utilisation de l’argent pour dégager les moyens de satisfaire les exigences sociales, à commencer par l’augmentation des salaires : c’est la colonne vertébrale du projet communiste, c’est l’un des traits marquants de la campagne de Fabien Roussel.