Sept commentaires sur les chiffres de croissance du PIB au troisième trimestre 2021

1- Le PIB augmente de 3 % au troisième trimestre.

C’est à peu de choses près ce qui était prévu : l’INSEE prévoyait 2,7 % pour ce même trimestre dans sa note de conjoncture. L’écart est de l’épaisseur du trait. Sur l’ensemble de l’année 2021, cela pourrait faire entre 6,3 % et 6,5 % de croissance… après -8 % en 2020, il n’y a pas de quoi pavoiser.

2- Le contenu de cette croissance n’est pas bon :

C’est surtout de la consommation des ménages (+5 %) et du déstockage avec peu de production (-0,3 %).

C’est aussi la consommation de services marchands (+4,7 %, dont tourisme, cafés restaurant, laboratoires d’analyse, etc.) qui soutient cette consommation, consommation qui n’a pas vocation à continuer d’accélérer

La financiarisation de l’économie atteint des sommets (le CAC 40 dépasse ses records de fin 2019), rien ne s’observe encore sur l’investissement (-0,1 % après +2,5 %)

L’emploi reste miné en qualité et le nombre d’inscrits à pôle emploi enregistre lui aussi un record, le dégonflement du nombre de chômeurs de catégorie « A » étant du à 2 facteurs : transferts des chômeurs d’une catégorie à l’autre, augmentation du nombre de stage (mais pas des formations longues et qualifiantes !)

Nous sommes en train de « manger notre pain blanc » d’un retour quasi mécanique à un niveau « normal », mais dans une situation sous-jacente bien dégradée et sans préparer correctement l’avenir. Et ceci, alors que les marges des entreprises atteignent des sommets inégalés depuis 70 ans !

3- Rappelons que ce sont plus de 400 milliards de PIB qui n’auront pas été produits d’ici fin 2023, par rapport à la trajectoire sur laquelle nous étions avant la récession

4- Les nuages noirs sont en train de s’accumuler

  • L’Allemagne vient de réviser ses prévision à la baisse pour l’année 21 (2,6 %, soit 0,9 points de moins qu’au printemps) ;
  • L’UE n’accélère pas sa croissance : +2,2 % au 3ème trimestre après +2,1 % au 2ème ;
  • Le FMI a révisé à la baisse de 1 point les prévisions pour la Chine et les Etats-Unis. Or ces économies tirent l’économie française

5- Nuages noirs aussi :

  • Le creusement abyssal du déficit commercial, qui bat tous les records ;
  • L’accélération de l’inflation (+2,6 % en octobre, après 2,2 % en septembre) ;
  • Les pénuries de produits ;
  • La BCE qui envisage un resserrement de sa politique monétaire, sans oser l’engager, preuve qu’elle juge l’économie et sa reprise fort fragile ;
  • Le plan Biden de financement de l’économie américaine, qui va prélever des capitaux sur l’Europe.


6- Mais le gouvernement fait tout pour retarder les difficultés après l’élection présidentielle.

La survenue d’une « deuxième lame » risque de frapper fort, particulièrement l’emploi avec des plans de suppressions que les groupes mettront alors en œuvre probablement à l’été


7- Il faudrait tout au contraire, pour une transformation productive, engager des formations massives pour des emplois dans les services publics et dans les entreprises, appuyés par des investissements efficaces, sécuriser les revenus des ménages, impliquer les profits et le capital dans un immense effort de développement de l’emploi, de la formation et de la R&D.

Interpellons partout préfets et gouvernement sur l’utilisation des aides. Menons la bataille pour la convocation de conférences réunissant tous les acteurs économiques et sociaux, pour y exiger la prise d’engagements par les entreprises et les banques pour l’emploi, la formation, les salaires, la transformation productive et écologique.

1 Comment

  1. Si je comprends bien, nous serons encore fin 2021 en dessous de 2019. Seuls la Chine (qui est je crois le seul pays à avoir conservé une expansion en 2020) et le USA (qui devraient parvenir de justesse à rattraper 2020 grâce à la reprise de 2021) semblent devoir parvenir à progresser entre 2019 et 2921. L’idée des banques centrales et des gouvernements, c’est de continuer à injecter de l’argent massivement en espérant relancer la machine et revenir enfin à du positif. Sauf que, si je comprends bien, tout le monde bute (y compris les chinois) sur les limites de capacité de production énergétiques, pétrole et gaz, peut-être aussi sur la baisse des rendements agricoles pour certains produits du fait des changements climatiques. Dans un contexte aussi difficile et complexe, n’est il pas nécessaire d’appuyer davantage sur la planification économique ? Il semble que le commissariat au plan de Bayrou soit une coquille vide. Ne devrait-on pas tenter de proposer une commission parlementaire sur les moyens et les enjeux de la planification économique et l’évaluation des risques ?

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