Dossier :
Les moyens de répondre aux attentes

Ce numéro d’Économie&Politique est rédigé dans un moment de tension et d’incertitudes politiques extrêmes. Au moment où ces lignes sont écrites, le dénouement n’est pas connu mais ce qui retient l’attention, c’est que reviennent à l’ordre du jour, de façon assez inattendue, la question d’un exercice par la gauche du pouvoir gouvernemental, et celle des enjeux économiques qui s’y attachent.

Le président de la République a précipité le pays dans une crise politique parce que son seul programme est d’aligner coûte que coûte la France sur les exigences du capital. Or, celui-ci est au pied du mur. Le CAC40 a beau claironner des dividendes mirifiques, il a de plus en plus de mal à dégager le taux de profit exigé par les marchés financiers. Dans une économie saignée à blanc par l’obsession de la rentabilité, il n’y parvient qu’à coups d’aides publiques astronomiques, et par les milliers de milliards d’euros que les banques centrales déversent sur les marchés financiers. Ils n’ont pas le choix. Pour continuer cette course à l’abîme, il leur faut absolument précariser les emplois, culpabiliser les chômeurs, détruire les retraites et la Sécurité sociale, sacrifier la formation et la recherche, affamer les services publics. Les 25 milliards de restrictions budgétaires annoncées par Bruno Le Maire au moment même où le président de la République écrivait sa « lettre aux Français » portent un message tout à fait clair.

Et c’est pourquoi Emmanuel Macron est passé outre à la révolte des Gilets Jaunes, à celle des paysans, à la perte de sa majorité absolue à l’Assemblée, et au soulèvement de la société française contre sa réforme des retraites. Mais le désaveu sans précédent de sa politique aux élections européennes lui a apporté la preuve que les obstacles politiques auxquels il se heurte sont insurmontables.

Le comportement d’Emmanuel Macron répond, dès lors, aux attentes de toute une part du patronat qui juge désormais que la seule façon de briser cette résistance pourrait être de livrer le pouvoir d’État à l’extrême-droite, comme cela s’est fait en Italie, avec l’espoir que la violence décomplexée des fascistes reste subordonnée au cadre fixé par la BCE et les autres institutions européennes.

Face à cette menace, c’est des profondeurs du pays qu’est venu le mouvement qui a imposé, jusqu’ici, une unité de la gauche dans le Nouveau Front populaire, puis l’échec du RN au deuxième tour des élections législatives.

Le Nouveau Front populaire est légitime pour gouverner parce que c’est la seule force en présence qui propose ce que veulent nos concitoyennes et concitoyens, c’est-à-dire autre chose que l’austérité mise en oeuvre par Emmanuel Macron. Ni les héritiers du macronisme, ni la droite classique ne proposent une autre politique que celle du capital. Le RN non plus : pour qui pouvait en douter, ses annonces dans la campagne des législatives ont fait tomber le masque.

L’urgence est donc, dans un rapport de forces très défavorable, de tout faire pour faire grandir les mobilisations populaires en faveur des revendications sociales et écologiques exprimées par le mouvement syndical, qui figurent plus ou moins dans le programme du Nouveau Front populaire. Cela suppose de mener bataille sur les moyens économiques et financiers de les réaliser.

L’apport du PCF sur ce terrain s’avère irremplaçable puisque cette cohérence entre objectifs, moyens et pouvoirs est au cœur de notre projet communiste.  

Ce dossier vise donc à mettre à la disposition de toutes celles et tous ceux qui veulent aider à répondre aux attentes populaires un ensemble de matériaux de natures variées : d’une part, des notes rédigées par la commission économique du PCF pour contribuer à la préparation du programme du Nouveau Front populaire, à son « chiffrage » et à la définition d’un scénario économique conduisant à sa réalisation ; D’autre part, de larges extraits des échanges qui ont eu lieu le 27 juin dernier entre trois économistes, à l’invitation de la Fondation Gabriel Péri. L’intégralité de la rencontre peut être visionnée sur le site de la Fondation à cette adresse : https://gabrielperi.fr/initiatives/le-nouveau-front-populaire-la-ruine-ou-le-vivre-mieux/

Ces matériaux sont organisés en six chapitres.  :

1       Gouverner à gauche aujourd’hui

Note : Une nouvelle logique économique

Débat entre économistes : les priorités du Nouveau Front populaire

2       Répondre aux exigences sociales

Note : Financer l’augmentation du SMIC et des salaires

Débat entre économistes : quelles conditions économiques pour augmenter les salaires ?

3       Réparer et développer les services publics

Note : Développer les services publics avec le Nouveau Front populaire

Débat entre économistes : l’enjeu des services publics

4       Quels financements ?

Note : Les propositions fiscales du Nouveau Front populaire

Débat entre économistes : faut-il avoir peur de la « dette » ?

5       Une nouvelle logique écologique

Débat entre économistes : financer la transformation écologique

6       La gauche face au capital

Gouverner à gauche : les conditions de la réussite

Débat entre économistes : comment résister au capital ?

Nous reproduisons aussi, pour l’information de nos lecteurs, le document élaboré à ce propos par les partis constitutifs de l’alliance de gauche. Il témoigne à la fois des limites et des contradictions auxquelles se heurte le mouvement populaire, et des potentiels qui peuvent être activés dans sa dynamique.

7       Document : la proposition macroéconomique du Nouveau Front populaire

1 Trackback / Pingback

  1. Résister et construireavec le Nouveau Front populaire - Économie et politique

Les commentaires sont fermés.